dimanche 26 février 2012

Oman off road (ou les Toqués à Qatbit)


C'est le grand truc des voyageurs dans cette région que de faire de
l'Off road. Nous on savoure tellement ces routes magnifiques, qui
ressemblent à des récompenses après l'Asie centrale, qu'on n'a pas
très envie de s'en éloigner.
Mais à notre manière nous aimons sortir des sentiers battus et vivre
des expériences insolites et authentiques. Vous le savez nous ne
reculons devant rien, et après notamment le camping en Sibérie, la
natation au Kirghiztan, l'entrée au Turkménistan sans moteur, le
séjour prolongé dans un garage de Téhéran, le bronzage à Ormuz, nous
allons vous raconter notre semaine de villégiature à Qatbit (ou
Qitbit) dans le désert omanais.
Nous avons prévu deux séjours à Oman. Puisque nous avons le temps,
nous visitons dans un premier temps le sud, à la frontière du Yémen,
puis nous reviendrons dans le nord aux environs de Mascat un peu plus
tard. Je sais, nous sommes vraiment de gros veinards. Enfin... Si l'on
veut.
La frontière omanaise est très facile à franchir depuis Al Ain. En
deux formulaires trois taxes, nous nous retrouvons dans le désert, que
nous avons prévu de traverser en deux jours. C'est beau mais...
Désert. Et un peu monotone. Parfois on croise des dromadaires
heureusement. Et des forages pétroliers.
Dans l'apres-midi un voyant s'est allumé sur le tableau de bord.
Bon... On le connait celui-là, ça a un rapport avec notre filtre à
gazoil qu'on doit changer depuis... quelques mois. On s'arrête le soir
un peu en retrait de la route. Le ciel étoilé est grandiose et le vent
effrayant.
Le lendemain nous reprenons la route, prêts pour les plages de rêve où
nous allons atterrir le soir. Le fameux voyant se réallume. Bon... On
garde espoir. Jusqu'à ce que, 300 kms avant Salalah et notre bivouac
de rêve, notre filtre à gazoil explose. Le désert résonne encore de
nos hurlements de rage. Heureusement nous ne sommes pas Toqués pour
rien et agissons vite et reprenons vite (un peu) la direction des
choses. D'abord se faire tracter jusqu'à la station service qui,
heureusement, n'etait que 20 kms avant. Et quand on sait que c'ést la
seule à 200kms à la ronde, on mesure sa chance. Ensuite demander à
notre sauveur de Al Ain d'essayer de nous trouver les pièces
nécessaires dans la péninsule arabique (apres évidemment avoir tenté
des réparations de l'ultime absolue derniere chance) Puis finalement
se faire envoyer les pièces à Salalah (300kms) par super jolie maman
qui a menacé Fiat de tous les maux pour dégotter les précieux trucs
mécaniques et qu'on va maintenant surnommer Mamie DHL. Puis organiser
le quotidien et l'attente à Qitbit qui signifie sans doute quelque
chose comme "trou du Q du monde" en arabe. Heureusement que
l'experience fait qu'on n'entre jamais dans un nouveau pays sans le
plein de vivres, heureusement qu'on avait changé un peu d'argent à la
frontiere. Et heureusement que nous ne sommes pas seuls ici.
En fait Qitbit est une oasis- Aire de repos. Donc on y trouve en plus
de la station service, un petit restau, une petite epicerie, un hôtel,
pas mal d'arbres et beaucoup de sable. Les employés, tous indiens ou
pakistanais, vivent ici ainsi que les ouvriers des routes qui
s'entassent dans des préfabriqués. Le tout est entouré d'un mur et
après le mur : rien de rien.
Que fait-on entre quatre murs à Qatbit ? On prend le temps de ne rien
faire. On goûte toutes les specialités du coin (les moins chères
puisqu'on n'a que quatre sous en poche), on bavarde avec les locaux
(indiens) et les passants (omanais) et on découvre ainsi le pays, on
travaille, on range, on chante, on lit, on regarde des films, on joue.
Les enfants qui trouvent leur bonheur partout ont construit leur
87693827403ème cabane, jouent au puzzle géant sur la croûte craquante
du désert, nourrissent la chèvre du pompiste et révisent les règles du
cricket. Nous découvrons les vents du désert, chauds et douloureux,
pleins de sable. Nous étudions ces physiques magnifiques des habitants
du pays, des indiens aux omanais, aux coiffes diverses, à la peau
noire et au costume si blanc. Xtophe a rangé tous les placards, il bat
aussi des records à Angry Bird, Rachel a coiffé ses poupées, j'ai
recoupé ma frange, j'envisage de vernir mes ongles et j'essaie de
faire durer un roman deux jours, Ulysse écrit des poemes face au
désert et sculpte des épées, Gaspard a bon espoir de perdre ici sa
première dent de lait et Léon a le nez qui coule pour la première fois
depuis 7 mois, fichu soleil !
Si vous lisez ce message c'est que Xtophe et Ulysse ont trouvé le
moyen d'arriver à Salalah (meikum comme dit Gaspard) et que si tout va
bien ils rentreront ce soir avec notre nouveau filtre, MacGyver
réussira à le remonter sans la durite idoine (aux dimensions non
DHLables), et que nous partirons, poursuivre notre séjour omanais sous
les cocotiers.
A moins que...
Mais vous vous doutez qu'on a déjà élaboré de nouveaux plans de
secours, et qu'après le plan Z ter de l'alphabet latin et tout le
cyrillique, nous avons encore l'arabe. Rien n'arrête les Toqués.
Encore une fois, Inch Allah...

lundi 20 février 2012

Notre Oasis d'Al Ain


Depuis trois jours je n'ai pas mis le nez dehors, pas vu le monde.
Parce que depuis trois jours nous sommes dans une vraie oasis : chez Bernard.
Dès le mois de décembre, averti de notre (probable) venue par des amis voyageurs, il nous avait invités à lui rendre visite. Alors, comme nous l'avons appris au cours de nos voyages, nous avons accepté son invitation.
Depuis trois jours nous savourons le confort de sa maison, et le plaisir de sa compagnie. Bernard, futur grand voyageur qui vit ici depuis longtemps et attend bientôt la livraison de son camion aménagé, connaît bien les voyageurs au long cours. Depuis trois jours c'est un festival de bons petits plats, mélange d'exotisme et de produits bien de chez nous dont nous rêvions depuis longtemps. Pastis et vin rouge accompagnent plats thaï (et nous avons tous pu apprendre à cuisiner certains de nos plats préférés), barbecues, paratas, fromage, poissons. Gaspard ne lâche plus Jacques, le petit voisin de son âge, Léon fait des longueurs dans la baignoire olympique, les grands alternent parties de badminton, vélo, dessins animés et reportages animaliers (ouioui, la TV et en français !), le lave-linge de Bernard n'a jamais autant tourné, Xtophe en a quand même profité pour faire quelques bricolages et moi j'ai bullé avec beaucoup de talent.
Et comme notre hôte connaît la région comme sa poche, il nous a aidés à préparer notre, nos séjours à Oman, et m'a prêté toute sa documentation pour commencer aussi à préparer la suite de notre voyage au Moyen Orient.
Dans quelques heures nous partons pour le Sud d'Oman. Les enfants sont tristes mais pas trop puisque nous partons avec les clés de la maison de Bernard en poche, afin de pouvoir revenir dans quelques semaines.
Vous comprenez maintenant ce que je vous disais à propos des Emirats et surtout de ses habitants ? 

vendredi 17 février 2012

Dubai lai lai

On aurait pu vous dire comme ce monde des Emirats semble étrange et étrangers aux vieux européens idéalistes que nous sommes. Même si pour l'instant nous n'en avons vu que Dubai. Vous dire qu'à l'heure où nous économisons l'eau, renonçons à la voiture, trions nos déchets, troquons nos vieilleries, déconsommons et bouffons de l'écologie et du développement durable à toutes les sauces, les émiratis font un concours de la voiture la plus grosse et la plus chère, arrosent le moindre palmier du matin au soir grâce à de l'eau de mer dessalée (consommation d'énergie et bilan carbone catastrophiques), font pousser de l'herbe aux bord des autoroutes, font du ski dans le désert, plantent des jardins tropicaux sur du sable et ne se promènent que dans des centres commerciaux pharaoniques. Vous parler de l'obsession de la sécurité qui encourage les résidents à "signaler les personnes ou comportements suspects afin de garder un bon voisinage", vous parler de ces communautés différentes qui constituent le pays sans se cotoyer, certains roulant sur l'or (noir) et les autres les servant et vivant dans des conditions très difficiles. On est loin de ce monde idéal que nous faisons et refaisons sans cesse ensemble...
Mais nous préférons voir le bon côté des choses, parce que c'est aussi ce que nous apprend le voyage, éviter les clichés, éviter de s'arrêter à certains aspects des choses et tout en gardant les yeux ouverts, savoir trouver toujours ce qu'il y a de bon dans chaque pays.
Et aux Emirats moi ce que j'admire avant tout, et malgré tout c'est le génie de l'homme. C'est un pays surgi de nulle part, du désert. Les émirats ont su s'unir, attirer des étrangers (qui constituent 70 % de leur population !!), et imaginer un monde futuriste incroyable. Impossible de ne pas admirer ces tours immenses, ces îles artificielles, même si ce n'est pas notre monde, même si ce n'est pas notre vision du futur, ça ressemble à un film de science fiction des années 80, à la sauce américaine. Enfin je crois...
Même s'ils ne vivent pas vraiment ensemble, impossible aussi de ne pas aimer voir se cotoyer des gens de toutes origines, de toutes cultures. Les joggeuses américaines côtoient les émiratis en tenue traditionnelle, les indiennes en sari et les Toqués en camping-car. A côté de Carrefour s'étendent des champs de courses de dromadaires.
Et finalement ce qui ne change pas, c'est que ce que nous préférons encore aux Emirats, ce sont... les rencontres que nous y faisons. Nous sommes arrivés il y a 10 jours, nous avons déjà plusieurs numéros de téléphone, plusieurs personnes nous ont aidés, invités, accueillis comme des rois, ou mieux, comme de vieux amis. C'est l'essentiel non ?

samedi 11 février 2012

Dernières miettes perses


Avant de vous raconter nos aventures arabes, quelques mots et anecdotes que nous n'avons pas eu l'occasion de placer encore sur l'Iran.
Les iraniens prennent toujours tous Ulysse pour une fille, et pourtant il a les cheveux courts cette fois !
Le dernier jour, sur le port, on m'a prise pour une iranienne, première fois. Il était temps que je me dévoile.
L'Iran est un pays merveilleux, au régime infâme. Tous les iraniens que nous avons rencontrés, sans exception, même les plus traditionnels et religieux déplorent ce régime et aspirent à une vraie démocratie. Et à une meilleure image en Occident.
Les mollahs arpentent les villes dans leurs voitures spéciales. La police du voile circule et arrête toutes les femmes mal voilées et mal habillées. On les embarque au poste et on appelle leur père ou leur mari... Lorsque notre ami Mohamad nous a raconté ça en nous montrant le fourgon, Gaspard n'a pas pu le croire, et a été très choqué.
Les femmes iraniennes avec qui j'ai pas mal échangé ont toutes bien ri de mes tenues quand je leur montrais que pour pouvoir sorir en Iran j'ajoutais une jupe ou une nuisette sur mon Jean, parce que toutes me demandaient s'il n'était pas trop dur pour moi de porter le voile. Je ne leur ai pas menti, c'est insupportable pour moi de voir comment les femmes sont traitées. De voir ces petites filles qui n'auront jamais les mêmes droits que leurs frères. D'entendre une jeune-fille, sympa, mignonne comme tout, gaie, apparemment brillante, lucide, dire que malheureusement elle ne pourra jamais avoir la même vie que moi, être aussi libre. C'est insupportable de voir qu'une si belle religion est prétexte à de telles ignominies.
Ulysse a été choqué de voir que dans les maisons, même en l'absence d'hommes, les femmes restaient désormais voilées devant lui. (dans les familles traditionnelles parce que certaines femmes nous ont reçus sans aucun voile). Et les enfants ont été bien surpris lorsqu'une copine iranienne de Rachel a voulu leur montrer Harry Potter en farsi. Très vite Gaspard a râlé : "mais il y a un problème avec leur DVD c'est pas possible, ça va trop vite !". On a vite compris : plus de la moitié des scènes sont coupées. Scènes où garçons et filles se touchent évidemment, mais aussi scènes de combats, ou scènes à la musique trop rock and roll. Donc comme en ont conclu les enfants : c'est au final un collage des scènes les moins intéressantes du film et rien n'a plus de sens. Édifiant.

Alors heureusement il reste les paysages magnifiques, heureusement il reste les villes folles, cette circulation anarchique qui oblige à se jeter litteralement sous les roues des voitures pour traverser la rue. Il reste les bazars, cette nourriture dont on ne se lasse pas, et surtout on le répète mais il faut vraiment le dire : les iraniens. Le peuple le plus adorable de la terre. Au rythme si particulier : les iraniens ne sont jamais pressés. D'ailleurs ils n'ont pas d'heure, on a cru devenir fous plus d'une fois, car la ponctualité est sans doute un mot qui n'existe pas en farsi. Donc ils prennent leur temps, discutent, s'arrêtent pour acheter à manger, boivent un thé, et tout d'un coup, sans prévenir, c'est parti, on démarre on fonce on s'active, parce qu'ils bossent comme des fous. Un autre paradoxe de l'Iran.

A Dubai nous nous sentons bien loin déjà, mais vous trouverez enfin dans nos albums toutes nos photos du mois dernier. Ou une bonne partie. De notre arrivée triomphante à Mashad, en passant par nos moments difficiles de Teheran, jusqu'à notre folle descente vers le soleil, voici enfin les images de celui qui reste encore dans le palmarès de nos pays préférés.

mercredi 8 février 2012

Les Toqués chez les rois du pétrole !



Après deux journées de paperasse et une nuit de traversée du détroit d'Ormuz, nous voici arrivés chez les fous.
Notre Toqcar est pour l'instant garé au bord de la mer, sur une plage de Dubai...

Nous digérons un peu le choc - il est assez violent après 6 mois d'Asie centrale et un mois d'Iran - et venons ensuite vous raconter nos premières impressions des Emirats Arabes Unis, pays surgi du désert, du génie et de la folie des hommes.

Qu'est-ce que nous faisons là ? C'est le moyen que nous avons trouvé pour pouvoir poursuivre notre voyage sans passer par la Syrie. Nous comptons bientôt visiter Oman, puis traverser l'Arabie saoudite pour nous rendre en Jordanie. Ensuite rien n'est encore sûr mais nous avons le temps.

Alors les Emirats, nous n'y serions jamais venus sans ce voyage mais ça promet d'être une expérience de Toqués !

dimanche 5 février 2012

News d'Ormuz


Je vous rassure de suite, si le détroit d'Ormuz est l'enjeu de
batailles diplomatiques et de menaces politiques, vu d'ici, il ne se
passe strictement rien. Rien en ville rien sur la côte rien au port.
On aperçoit des navires de guerre à l'horizon, mais peut-être sont-
ils toujours là. Mais on est loin du porte-avion que les garçons
espéraient admirer ou des avions de guerre décollant dans tous les
sens.
Une fois de plus les combats des chefs dépassent totalement la péquin
et le Toquin de base et nous avons besoin nous aussi de la presse
internationale pour savoir qu'il se passe quelque chose.
Mais comme nous sommes vos envoyés spéciaux dans le golfe persique,
nous ne pouvons pas vous laisser ainsi, sans information, alors dans
l'attente du scoop, nous avons décidé de vous offrir un petit
reportage sur le camping à Bandar Abbas. Qui sait si, une fois de
plus, nous n'allons pas lancer une mode. (quelqu'un a-t-il des retours
sur la fréquentation des campings de Sibérie depuis que nous en avons
fait l'article ?)
Bandar Abbas est une station balnéaire aux températures très
agréables en ce mois de février. Une petite brise marine ou un fort
vent marin vient nous rafraichir lorsque le soleil tape un peu trop,
ce qui rend un peu difficile le port du voile islamique pour les
novices mais nous donne des airs de Marylin from Bagdad.
L'avantage de l'Iran c'est qu'il n'est nul besoin de camping pour
camper. A l'heure où la France interdit toute forme de camping
sauvage, les iraniens plantent leur tente partout. Nous, ça nous
enchante. Donc des la fin d'après-midi, le front de mer se remplit de
tentes multicolores, qu'on pose soit sous les kiosques à pique-nique,
soit sur le trottoir, sur le promenoir ou sur le parking directement,
à côté de sa voiture. Et ceux qui n'ont pas de tente dorment à la
belle étoile. Certains sont là pour une nuit, d'autres pour une
semaine et tous installent une vraie cuisine. Parce que nous sommes
les seuls à nous contenter de sandwichs lors de nos pique-niques. Les
iraniens eux, sortent les tapis, les couvertures, les gamelles, les
barbecues, les grills, la théière. Il faut dire que dans un pays où
les repas se prennent sur le sol, le pique-nique ne change finalement
pas tellement de l'ordinaire.
Bon, du coup, les nuits en bord de mer ne sont pas très calmes,
d'autant que les autres campeurs ont vite fait de comprendre quel
merveilleux paravent offrait notre Toqcar pour leurs tentes (qu'ils
ont l'habitude de poser mais pas de planter, habitude du désert de
sable et de rocaille ??). Et lorsqu'ils campent, quand au lever du
soleil se joint le
chant enthousiaste du muezzin, les iraniens ne trainent pas sous leur
couette et préparent le thé sitôt la prière terminée. Rachel s'est
de suite enthousiasmée :"on dirait un vrai camping !" oui... Voilà...
Le vrai camping en bord de mer, avec les cris des voisins, la musique
des jeunes (merci Allah, la musique moderne est interdite donc elle ne
retentit jamais longtemps), les sanitaires qui débordent et le plaisir
d'avoir toujours des voisins avec qui jouer au foot. Et les soirs de
matchs, les mêmes écrans géants, les mêmes discrets que chez nous
qui klaxonnent, crient, hurlent leur joie sportive toute la nuit.
Mais le camping sans apéro.
Heureusement il y a la mer.
  La mer ici ressemble à la mer normande, elle se mérite, il faut
marcher pour la tâter. Oui la tâter parce que la baignade tout
habillé c'est pas notre tasse de thé et visiblement pas celle des
iraniens. Ceci-dit, on est en plein hiver, ceci explique peut-être
cela.
Mais pour y arriver à la mer il faut aussi enjamber et éviter les
ordures qui jonchent la plage. Parce qu'en plus des poubelles, j'ai
oublié de vous dire que les égouts, qui passent à côté de l'aire
de jeux des enfants, se jettent directement sur la plage.
Mais c'est un détail auquel on s'habitue en voyageant.
En revanche nous n'avions pas pensé à un autre détail, de taille :
le pétrole déposé par la mer.
Lorsque les pieds dans l'or noir, on voit des dromadaires passer au
galop et tous ces voiles noirs au vent (chaud) sur le sable, on oublie
vite la Normandie. Sans parler des gardiens de la révolutions qui font
vrombir leurs moteurs et crisser les pneus de leurs motos. Ah ça...
Elle est bien gardée la révolution...
Mais il faut reconnaitre un gros avantage au camping en Iran : hormis
sur le bout du nez, on ne risque pas les coups de soleil et on n'a pas
à s'infliger la vision des fesses ou du bide rouge de nos voisins de
théière.

Vous comprendrez toutefois que nous avons été ravis de retrouver la
mer, et que nous nous sommes empressés de la quitter, pour trouver
refuge dans un parc très calme de centre-ville, sous des palmiers
splendides. Ainsi Léon peut-il jouer dehors sans être attrapé
embrassé photographié, et nous pouvons lire sans être regardés
comme des extra-terrestres, interrompus, invités. Ce qui ne nous a pas
empêché de faire des rencontres sympa ni d'aller diner chez de
nouveaux amis, vous connaissez maintenant les iraniens !

Mais comme nous sommes des Toqués sérieux, nous allons creuser cette
histoire de détroit, et demain soir, nous quittons l'Iran et
embarquons tous - Tqcar compris - sur un bateau, afin d'aller voir en
mer, si réellement ça bouge à Ormuz.

jeudi 2 février 2012

Le Premier jour du reste de notre voyage




Vingt jours après notre arrivée, ou plutôt notre pitoyable naufrage, nous avons quitté la capitale Perse tels des conquérants, forts de nos victoires mécaniques. Depuis plus d'un mois, nous nous étions faits à l'idée qu'il nous faudrait sans doute repasser par la France, remodeler notre projet. Vous imaginez donc notre joie à reprendre la route. Léon ne s'en lasse pas, qui ponctue chaque démarrage par un cri de joie :"bravo papa, on démarre !", et nous partageons tous son extase.

Nous avons donc quitté Teheran et décidé d'en finir une bonne fois pour toutes avec le froid. Ayant lu la météo des jours à venir, nous avons snobé Isfahan qui promettait des températures négatives. Je sais, nous sommes vraiment des chanceux, qui pouvons nous payer le luxe de dire : "pas grave, nous en avons bien profité il y a 4 ans.".
Mais nous avions un autre objectif, plus au Sud : Persépolis.

Ah Persépolis... Comme nous en avons pris l'habitude en Ouzbekistan, nous avons visité le site assez déserté en cette période hivernale.
Enfin... Nous avons mangé une glace dehors parce qu'il commençait à faire bien bon. Nos photos vous parleront de Persépolis, lorsque nous pourrons vous les montrer. Parce que la cité achéménide n'a été qu'une halte dans notre irrésistible descente.

La veille du premier jour du reste de notre voyage, nous avons dormi dans une petite ville, où comme d'habitude nous avons dû combattre l'hospitalité Perse, résister aux nombreuses invitations, repousser les assauts amicaux et faire honneur aux repas qui nous étaient apportés. Mais inarrêtables dans notre course vers le Sud, nous avons repris la route (excellente, une autre qualité de l'Iran) du désert. Et le désert s'est transformé sous nos yeux, laissant apparaitre entre des sommets rocheux, des troupeaux de dromadaires sauvages, des palmeraies. Le midi, nous nous sommes arrêtés dans une de ces palmeraie, avons ouvert la porte du Toqcar et un nouveau chapitre dans ce voyage de Toqués : il faisait 25 degrés...
Branle-bas de combat dans les rangs : et que j'enlève mon Damart, et que j'enlève mes chaussettes, et que faire de mon collant ? Cris de joie, et de surprise aussi car quand on voyage par la route, on n'a pas l'habitude des changements brutaux. Pleurs également de Léon, notre roi des steppes : il voulait ses bottes, pas ces tennis bizarres, même pas fourrés. Il n'a pas quitté ses collants mongols depuis 5 mois et voilà qu'on le laisse sortir en tenue excentrique et légère ! Quant à marcher pieds-nus, même à l'intérieur du camping-car, il n'en est pas encore question !

Le premier jour du reste de notre voyage, nous avons tout de même repris la route pour atteindre notre destination finale en Iran : Bandar Abbas.
Nous y avons établi notre camp, avons jeté nos tapis mongols, vidé quelques kilos d'anoraks de chaussures et de vêtements trop petits (le fou-rire quand quelques heures plus tard nous avons croisé un chiffonnier portant fièrement, tel Darius lui-même, mon manteau russe sur le dos !) avons plié nos couvertures polaires, extirpé nos tongs et tee-shirt du fond de nos placards, bref, nous changeons de peau. Et ceux qui se sont aventurés avec nous ou avant nous en Asie centrale et en hiver comprennent je pense notre bonheur. Malgré tout le plaisir que nous avons eu à voyager dans des contrées froides et à découvrir une petite partie (parce que nous sommes de petits Toqués quand même) d'une autre réalité, ce jour-là, le jour où nous aurions chaud, fait partie depuis des mois de la fantasmagorie de l'overlander, de l'histoire qu'on se raconte entre voyageurs, ou entre nous, pour se donner du courage dans les moments difficiles. Ce n'etait pas gagné, et pourtant ce jour-là est arrivé. Un vrai jour de gloire pour les Toqués.

Et le reste de notre voyage alors ?

Je vous en parle bientôt, je suis pour l'heure débordée, je dois aller lire sur la plage, face à la mer paisible, admirant, Toquée un jour Toquée toujours, le fameux détroit d'Ormuz...