mardi 26 juin 2012

TTélégramme de TTel Aviv

Les Toqués retrouvent le Nord.
Stop.
Changement de programme : J-7 avant embarquement.
Stop.
Préparez merguez, ventrèche, calendos et pinard.
Stop.

lundi 25 juin 2012

Le 6eme shabbat




Comptons comme Rachel :

1er shabbat : Sur les rives du lac de Tiberiade
2nd : au kibbutz Gaddot avec les S.
3ème : dans le Negev
4ème : à Jerusalem chez La famille B.
5ème : retour au kibbutz avec nos S. préférés.
6ème : à Césarée.

Césarée est un très beau site, notamment en raison de sa situation,
sur les rives de la Mediterranée. Hérode a construit la cité qui a
ensuite été reprise par les romains puis les juifs puis les musulmans
puis les byzantins, de quoi s'y perdre, chacun transformant le temple
en synagogue, mosquée ou église et laissant derrière eux des ruines
assez bien conservées malgré les guerres et les catastrophes
naturelles.
Forts de notre expérience du shabbat, (et du sabba depuis... 5 mois)
nous nous sommes planqués sur le parking, juste devant l'antique
cité, attendant que les honnêtes travailleurs repartent au turbin et
nous laissent la place, et la plage surtout, libres.
Avant Césarée nous avons visité Safed, ville mystique et ville des
artistes, charmante mais dangereuse car à chaque coin de rue on manque
de se faire piétiner par un des groupes d'adolescents américains qui
arpentent le pays. Puis nous avons passé une nuit à Nazareth. C'est
la plus grande ville arabe d'Israël, à l'architecture mochissime,
mais la Basilique de l'annonciation, moderne, est simple et belle.
Nous avons pu aussi visiter le "centre international de Marie", très
bien situé et qui offre une belle vue sur la ville. L'architecture du
lieu est intéressante, la communauté qui l'occupe accueillante et
chaleureuse. Ils proposent un parcours multimédia techniquement
intéressant, gaspard a apprécié les differentes salles, les effets
spéciaux, mais historiquement et religieusement un peu (très) au ras
des pâquerettes. Toutefois le lieu vaut le détour ne serait-ce que
pour discuter avec ceux qui y vivent et le font vivre et nous ont
offert une visite privée alors qu'ils étaient fermés pour entretien
et mises au point techniques.
Finalement c'est surtout le simple fait d'être à Nazareth qui nous a
plu. Et le grand concours entre clochers et minarets à la nuit tombée
vaut le détour.
Nous sommes maintenant à Rosh Hanikra, tout au Nord d'Israël, à la
frontière libanaise. Nous avons investi dans l'indispensable mini-
barbecue dont le monde arabe (et juif) semble muni, et nous visitons
les environs tout en bouclant les programmes scolaires ou cahiers de
vacances, et en organisant à distance notre retour à la vie sinon
normale du moins biarrotte.
Shabbat shabbat chabada, mais vous rentrez quand les Toqués ?
Nous rentrons... Bientôt.
Nous n'avons jamais été aussi proches du retour.
Nous tâchons actuellement de vider nos placards, de venir à bout de
nos réserves de conserves, nous commençons tous à imaginer avec
plaisir cette nouvelle aventure que sera le retour à la case départ.
Et nous rentrons par la mer. L'ultime aventure de notre grande
aventure va se dérouler durant une semaine à dix jours, à bord d'un
cargo qui va nous permettre de rallier Israël à l'Italie du Nord. Le
Toqcar sera bien rangé entre des containers et autres marchandises, et
nous occuperons 3 des 6 cabines qu'offre notre navire. Durant 7 à 10
jours nous prendrons nos repas au mess des officiers et vivrons au gré
des escales qui nous permettront peut-être de toucher du pied la
Turquie, la Slovenie et autres ports européens.
Logés, nourris, blanchis durant une bonne semaine, je peux vous dire
que l'équipe d'intendance du Toqcar s'en réjouit pleinement !
Mais voilà, notre navire n'est pas un navire de croisière et le fret
est capricieux. Nous avions demandé un départ au cours de la
première semaine de juillet. Il y a quelques temps on nous
l'annonçait pour fin juin à Haifa. Désormais il est programmé le 10
juillet à Ashdod. Je pressens des changements jusqu'à
l'embarquement...
Alors voilà, nous rentrons c'est sûr. Très bientôt c'est certain.
Quant à vous donner une date exacte, je crois que ce sera une surprise
pour tous !
Après une année,  nous ne sommes plus à un jour près.
Plus que 2 shabbat avant notre embarquement, franchement, c'est pas la
mer à boire (ou à traverser) !

mercredi 20 juin 2012

Le véritable voyage d'Ulysse


Nous sommes de retour au kibboutz, chez les archéologues qui ont énormément avancé en notre absence et je laisse Ulysse vous raconter un peu ce qu'ils fabriquent ici. (papa clique sur le lien)

Je me contenterai simplement de remercier la diplomatie française, le CNRS, les étudiants danseurs et L.B.

mardi 12 juin 2012

Syndromes de Jerusalem

Depuis que nous sommes dans la ville Sainte, nous sommes touchés par plusieurs syndromes. Après une toux nocturne terrible de Léon, un épisode fiévreux de Gaspard, un énorme rhume d'Ulysse, une rage de dent pour moi-même et un virus intestinal de Rachel (toujours très agréable dans le camping-car...), nous manquons un peu de sommeil. Mais nos troupes courageuses ne sont pas prêtes pour si peu à renoncer à visiter la ville, d'autant que nous pouvons aussi nous reposer chez nos amis amateurs de cailloux et d'os chez lesquels nous établissons nos quartiers l'après-midi pour faire la sieste, un peu d'école, bouquiner, surfer et reprendre des forces pour le lendemain.
Mais pour le moment, aucun d'entre nous n'a été atteint du vrai syndrome de Jerusalem. Effectivement chaque année une centaine de personnes ressent ce syndrome et une quarantaine est hospitalisée dans un service spécial. Il s'agit tout simplement d'un élan mystique qui fait perdre toute raison durant quelques jours. Ce syndrome se manifeste par une empathie excessive avec les lieux saints, les symptômes les plus fréquents sont l'obsession de se purifier le corps, la confection de toges à partir de draps, la déclamation de passages de la Bible et de chants religieux, des hallucinations...En général les patients s'identifient avec des personnages de la Bible ou se sentent investis d'une mission divine (ce qui pose parfois problème lorsque plusieurs messies se trouvent en présence les uns des autres). En général au bout de quelques jours les patients récupèrent le sens des réalités. Ce syndrome touche surtout les juifs puis les chrétiens.
Aucun Toqué n'a été touché à ce jour, même si Xtophe lui-même reconnait que l'atmosphère des lieux saints pousse à l'élan mystique. Notre Gaspard, lui, fait surtout une fixation sur la kippa, qu'il rêve de porter en permanence depuis qu'il en a porté une au mur des lamentations.Vendredi nous étions invités dans une famille franco-israelienne pour le dîner de shabbat. En arrivant là-bas, il s'est écrié : "Mais pourquoi tu ne me laisses pas porter ma kippa, regarde, tout le monde en a une !". Heureusement Daniel lui en a prêté une qu'il a pu porter non seulement pour la prière mais pour toute la soirée, il a même repéré son modèle préféré qu'il s'est empressé de s'offrir ensuite. Nous avons d'ailleurs passé une excellente soirée, avons appris beaucoup de choses sur Israël, le judaisme, nous sommes régalés, en plus de découvrir l'atmosphère particulière du shabbat dont je vous reparlerai. Nous avons réexpliqué à Gaspard qu'il n'est pas juif et donc ne peut porter la kippa en permanence. Et hier, en descendant dans la rue, regardant autour de lui, soudainement, il a été pris d'une illumination : "Mais mais mais... ils ont tous des kippas... mais... ils sont tous juifs ici ou quoi ???". A chacun ses révélations, chacun à son rythme, c'est ça aussi le voyage !

vendredi 8 juin 2012

O Jerusalem !

La vieille ville de Jérusalem est une merveille.
Mélange des peuples, des religions, ruelles grouillant de ceux qui y vivent réellement, chants des pèlerins, air hébété des illuminés, il y a ceux qui prient à genoux, ceux qui prient en silence, ceux qui chantent, dansent, ceux qui embrassent les reliques et cailloux et touchent à tout comme pour s'en imprégner un peu plus. Dans la même matinée nous sommes passés du quartier musulman, au mur des lamentations puis à la Basilique du Saint Sépulchre. Le détecteur de métaux est agréé pour Shabat, les garçons ont adopté la kipa pour aller se lamenter (et comme l'a remarqué Rachel qui n'est pas ma fille pour rien, vu la taille de l'espace pour les hommes et celle de l'espace pour les femmes, les hommes se lamentent beaucoup beaucoup plus), puis comme l'esplanade des mosquées est fermée le vendredi, nous avons fait des prières sur les lieux de la passion du Christ, toujours séduits par l'atmosphère de ces églises.
Et quand on se promène ainsi dans la ville sainte, lieu de convergence des trois religions monothéistes, lorsqu'on prend le temps de savourer la diversité des pèlerins, des habitants et des badauds, on ne peut s'empêcher de penser que malgré les horreurs et les affrontements, la religion pousse aussi les hommes vers le haut et leur fait accomplir de grandes choses.
Il nous faudra bien une semaine pour savourer pleinement cette atmosphère et ces lieux, et pour profiter de ceux que notre voyage nous fait rencontrer et qui nous aident à mieux découvrir leur pays et leurs traditions. Shabat Shalom !

jeudi 7 juin 2012

Territoires

Je pense que ce message est le plus difficile à écrire pour moi. Parce que les choses sont très compliquées et nous dépassent largement, parce que je ne veux pas blesser nos amis israéliens mais que je ne peux pas taire nos interrogations et que nous voyageons aussi pour voir le monde dans tous ses aspects, l'histoire dans toute sa complexité.
Nous nous emmêlons.
Il y a 11 mois, nous avons commencé notre voyage en Allemagne, en suivant le mur de Berlin. Nous avons ensuite visité Auschwitz et Birkenau, avons pleuré face à l'horreur humaine. Et aujourd'hui nous voici en Israël, pays né à cause de cette horreur, pays magnifique, terre sainte. Il y a toujours une cohérence dans le monde et l'histoire, et dans notre voyage. Mais il y a surtout beaucoup d'absurdité dans tout cela et nous ne comprenons pas. Parce que c'est incompréhensible. C'est pour cela que j'ai tant de mal à mettre mes idées en place et à écrire un texte cohérent.
Hier, nous sommes allés visiter Hébron. Terre disputée en territoire palestinien. En Israël, on dit "les territoires", c'est plus simple, ça évite de préciser ce qu'on entend par là. Depuis 11 mois nous demandons à nos enfants de dire bonjour aux gens dans leur langue. Là nous leur avons demandé de dire "Hello" quoi qu'il arrive, pour éviter les Shalom ou Salam Aleikoum déplacés, parce que nous-mêmes ne sommes plus très sûrs de ce que nous devons dire.
Et nous nous sommes retrouvés face à des colonies, des camps retranchés, derrières des barbelés. Des portes gardées, des univers israëliens sur les terres palestiniennes, leurs drapeaux, plus grands que jamais, flottant au vent. Puis nous avons visité le tombeau des patriarches après être passés par des contrôles militaires, des portiques détecteurs d'armes. Nous l'avons visité du côté juif. Parce que si les patriarches sont communs aux trois religions monothéistes, musulmans et juifs ne peuvent plus leur rendre hommage ensemble. Pour l'amour de leurs aieux, on sépare les peuples.
Nous avons adoré l'ambiance de recueillement vivant du tombeau, vous vous doutez que les toqués de livres que nous sommes ont immédiatement remarqué et adoré les bibliothèques qui meublent ce lieu saint, voir les juifs plongés dans les livres, discutant, priant en lisant les textes saints. On imagine bien Jésus discutant à la synagogue avant d'envoyer bouler sa mère, ce jeune insolent.
Mais dès que nous sommes sortis du tombeau, la réalité nous est retombée dessus. Les militaires, les drapeaux, les miradors, les barrières, des zones : H1, H2... Nous sommes allés nous perdre dans les vieilles rues d'Hébron, très belle vieille ville, en partie condamnée par les autorités israéliennes. Avant d'entrer dans la vieille ville, des contrôles militaires, et dans la vieille ville, la principale préoccupation des commerçants est de nous expliquer leur situation, leur histoire, de s'assurer que nous étions au courant et que nous parlerions de leur vie. Au sein de la vieille ville, 400 colons israéliens sont installés, protégés par 8000 militaires. Des miradors surveillent les rues, des filets protègent les passants des projectiles. Les mouvements des palestiniens sont limités, des rues, des zones entières leur sont interdites. Et nous imaginons que les colons ne sortent pas de leur périmètre ultra-protégé. Quelle vie pour les uns et les autres... Des observateurs internationaux sont là, regardent, surveillent, écrivent des rapports et tentent, à défaut de pacifier la zone, d'essayer d'y faire respecter un certain ordre... Mais comment parler d'ordre dans tout cela ?
Alors, entre deux lieux saints, on s'interroge.
L'église de la nativité à Bethléem est très belle. Simple, magnifiquement décorée de boules de verre colorées. La grotte de la nativité prête à la rêverie et a fait rêver les petits Toqués. Les pèlerins, de tous horizons, s'y pressent, et le simple fait de se trouver là nous ravit. On fait des prières, on se recueille tous ensemble. Puis on se laisse un peu entraîner dans la culture palestinienne, on retrouve l'hospitalité musulmane, Gaspard et Léon se font de nouveau embrasser, on retrouve quelques repères, on est émus d'être ici, en Judée.
Mais très vite, suivant notre route vers Jérusalem, nous nous heurtons au mur. Un mur immense, atroce, qui nous ramène quelques mois en arrière dans notre voyage, à Berlin, absurdité de l'histoire, folie sans fin des hommes. Comment comprendre ? A quoi rime un mur puisque les territoires palestiniens ne sont pas autonomes, puisque des colonies israéliennes s'y construisent toujours, s'il est symbolique, quel est ce symbole, sommes nous sûrs de vouloir le comprendre d'ailleurs ?
Histoires de cartes et de territoires, de religions, de revanche, de haine, de reproduction du modèle historique, spirale sans fin de la violence et de la guerre. Impossible d'y voir clair, impossible de passer sous silence toutes les souffrances, la misère d'un peuple à qui on refuse une identité et une terre, les infractions aux accords internationaux qui demeurent impunies, les hommes et les femmes et surtout les enfants des deux campx, entraînés dans cette violence, les peurs, impossible d'ignorer ces militaires en arme, ces civils en arme que nous croisons partout et qui me glacent, impossible d'ignorer ces sirènes qui ont retenti, à peine étions-nous arrivés à Jérusalem - exercice au cas où - impossible d'ignorer que cette situation semble désormais normale pour tous ceux qui la vivent depuis toujours.
Lorsqu'une militaire israélienne, à un check-point, est montée dans le camping-car pour visiter, poussant de grands cris : "Oh mon dieu, mais je n'en ai vu que dans des films, il n'y a que dans les films qu'on peut voir ça !", Rachel nous a ensuite dit : "Je n'ai rien répondu, comme vous nous l'avez demandé - pour une fois ndlr -  mais je voulais lui dire que nous aussi il n'y a que dans les films qu'on voit des gens avec des armes comme la sienne !". Veinards que nous sommes de vivre dans un pays en paix, et un pays pacifiste, où le service militaire dure une journée (contre 3 ans pour les garçons et 2 ans pour les filles en Israël, imaginez la formation de l'esprit et de la personnalité à cet âge-là...) et où on ne voit des militaires en arme que dans les gares parisiennes dans les périodes de plan Vigipirate (ou tous les soirs à la TV, ne peut s'empêcher d'ajouter la vieille bique).

Nous poursuivons notre voyage en nous installant pour dix jours au coeur de Jérusalem.
Installés comme des pachas, accueillis comme des rois, difficile de croire que ce pays présente de tels contrastes, mais je crois que nous n'avons pas fini d'être émerveillés et surpris...

samedi 2 juin 2012

Histoires salées



En Israël, nous faisons des choses incroyables : d'abord nous avons
posé nos roues pour la première fois en Palestine. Ou dans les
"territoires" comme on dit ici. Rapidement certes, mais le contraste
avec Israël est saisissant et troublant : comme un autre pays, bien
plus pauvre, plus proche de ceux dont nous venons ces derniers mois,
mais auquel on refuse le droit d'être autre. On ne sait trop qui est
qui quoi comment, si on doit dire Shalom ou Salam alors on dit Hello.
On y reviendra, dans tous les sens du terme. Ce n'était qu'un passage
puisque la mer morte est entourée de barbelés et donc a priori sous
total contrôle israélien, et que nous avions rendez-vous avec nos
amis voyageurs, sur le parking de la plage d'En Gedi, où ils se
liquéfiaient en nous attendant. Nous nous étions quittés deux mois
auparavant, à Dubaï, et étions très heureux de nous retrouver pour
nous raconter les mois passés (et ils sont riches) et partager un bout
de route. C'est avec eux que nous avons fait une découverte
incroyable : nous nous sommes baignés dans la Mer Morte. Quelles
sensations ! Quelle rigolade ! On se retrouve vraiment dans une sorte
d'huile qui nous transporte nous soulève. On se retrouve à se
contorsionner pour passer du ventre sur le dos sans pouvoir enfoncer
les fesses dans l'eau, on avance comme dans une masse étonnante et
résistante, on flotte quoi qu'il arrive. Passés les premiers moments
difficiles pour les enfants car il ne faut surtout pas éclabousser,
surtout pas se mouiller les yeux, et que ça pique beaucoup, on ne peut
plus en sortir. Et on se retrouve nous aussi comme des enfants,
émerveillés par ce nouvel élément.
Marine et moi avons même bravé les concrétions de sel pour trouver
le gisement de boue miraculeuse, dont nous nous sommes enduites de la
tête aux pieds. Nous ne savons pas si notre peau s'en trouve vraiment
rajeunie, mais nous avons ri comme des baleines dans nos nouvelles
allures de phoques flottants.
Le lendemain, en guise de récompense d'une belle randonnée dans le
wadi David, avec une vue superbe sur la Mer Morte, nous nous sommes
offert d'autres baignades, dans des piscines naturelles qui se vident
vite de tout baigneur lorsqu'on débarque avec nos 7 plongeurs-
chanteurs.
Puis nous avons vécu un de ces moments surréalistes que seul un tel
voyage peut nous offrir. Nous étant garés sur le parking au pied de
Massada, la célèbre et monumentale forteresse d'Hérode dans laquelle
les juifs avaient résisté une année face aux Romains avant de tous
se tuer afin d'éviter de tomber aux mains de leurs ennemis, nous nous
sommes fait chasser chasser à notre tour par un gardien désagréable
au possible. Réfugiés un peu plus loin, nous avions une vue splendide
sur l'ancienne forteresse éclairée. Nous avions trouvé place non
loin d'un opéra en plein air, construit dans ce lieu désertique pour
une représentation de Carmen, une semaine plus tard.
Les balances des ténors et cantatrices nous offrant ces airs superbes
et résonnant dans la nuit de ce lieu mythique  auraient eu de quoi
nous charmer... si nous n'avions été également survolés toute la
nuit par des avions de chasse nous rasant et envahissant l'espace
sonore de leur bruit terrifiant. Si l'on ajoute à cela le groupe qui
s'est installé à côté de nous et nous a réveillés au son de la
techno à 5h du matin, on aurait pu croire que Massada nous
résisterait. Mais non. Vaillamment nous avons gravi la pente
vertigineuse, afin de mériter ce site que visitent tous les Israéliens,
devenu un tel symbole que certaines forces armées du pays
viennent y prêter serment "Massada ne tombera pas !". Face à la
Jordanie, à la Mer Morte, à la Palestine... Mise en abîme
interminable d'une histoire toujours guerrière...
Notre caravane a ensuite fui la chaleur étouffante et est passée au
dessus du niveau de la mer, retrouvant une fraîcheur bienvenue dans
les cratères immenses d'anciens volcans (la géographie n'est pas à
un paradoxe près et si on ne perd pas le Nord, on perd parfois notre
altitude). Entre les parcs naturels, les zones militaires, les champs
de tir, nous allions nos forces et notre expérience pour trouver des
bivouacs discrets dont on ne nous délogera pas trop vite. Nous
admirons des paysages grandioses, et des objets volants nombreux et
exotiques : hélicoptères, dirigeables and co.
Et pour ce Shabat, veille de la fête des mères, nous organisons un
événement mondain pour la communauté francophone du Néguev : une
grande soirée déguisée !