jeudi 29 septembre 2011

Mongolie c'est déjà fini


Un mois en Mongolie c'est long et c'est court. A voyager comme nous le faisons nous devenons difficiles, à quelques jours de la fin de notre séjour, nous avons l'impression que c'est fini. Le fait de sortir du pays, qui plus est par la même route que celle que nous avons empruntée à l'aller ne fait qu'accentuer cette impression. Alors vite nous nos dépêchons d'acheter les derniers produits mongols qui nous manquent (un de leurs thermos magiques, des bottes, des chaussettes chaudes...), et vient l'heure des bilans.
Vous l'avez sans doute compris nous avons adoré ce pays. Pour nous, en tant que voyageurs, il est comparable à l'Inde en ce qu'il a gardé son authenticité, sa culture, sa particularité. En ce qu'il nous échappe souvent et nous subjugue. Les paysages sont grandioses, la culture étonnante, les costumes et les gens sont beaux, leur culture et leur vie étranges et mystérieuses.
Nous avons apprécié l'accueil mongol et cette tradition qui veut que n'importe qui puisse entrer dans la yourte (on ne frappe jamais) et aura toujours à boire et à manger. Nous avons pu profiter du sourire et de l'humour mongol, surtout dans les situations difficiles : hier bloqués sur la route, sous la neige, des voitures, des bus, des camions en travers de la route, dans le fossé, tout le monde les pieds dans la neige, poussant les véhicules, pelletant, cassant la glace, et pas une personne pour râler, tous un grand sourire sur le visage, rigolant, s'encourageant. Il faut dire que leur vie est vraiment rude et qu'il vaut mieux savoir affronter les obstacles avec le sourire. Nous avons aimé recevoir la visite de nos voisins dans les steppes, leur offrir aussi à boire et à manger (je pense qu'ils ont parfois trouvé ça vraiment mauvais et nous avons bien ri le jour où nous avons vu un petit garçon mettre dans sa poche un de nos biscuits, comme le font nos enfants avec leur fromage !), chanter avec eux, parce qu'ils adorent ça, et parler ensemble sans rien comprendre de ce que nous disions les uns ou les autres. Nous avons été gâtés, on nous a fait des cadeaux, les vendeuses se sont mises en 4 pour trouver des pantalons pour les enfants (parce que le jean mongol... ça déchire !), tout le marché s'en est mêlé et a vidé ses stocks ; un chauffeur de voiture de touristes, rencontré à Karkorin et à qui nous avions dit que nous voulions des osselets, est venu nous en offrir quelques jours plus tard sur notre parking à Oulan Bator, Léon a été embrassé par tous ceux que nous avons croisé mais je vous rassure : il conserve son côté russe et ne leur a pas souri, le chameau. Nous avons vécu de très bons moments, et certains inoubliables.
Nous avons également découvert la vie de nomades, la vraie, et c'est impressionnant : une yourte est démontée en une heure, certains membres de la famille (souvent les enfants) partent avec les troupeaux, et les autres mettent la yourte sur une camionnette et c'est parti pour de nouveaux pâturages ! C'est d'ailleurs en ce moment que beaucoup de familles font leur transhumance, nous les croisons sur les routes, nous voyons aussi que certaines familles que nous avons rencontrées en venant ne sont plus là. La yourte est aussi un endroit magique. La "ger" dit-on en mongol. Elle est toujours impeccablement tenue, on n'y rentre que par la gauche et nous, les invités, sommes toujours installés à gauche. On y rentre sans arme, sans cravache. On ne jette aucun déchet dans le feu, qui est sacré. Tout est codifié, pour manger on baisse ses manches sur ses bras, on prend les aliments qu'on vous tend d'une certaine manière, on boit tous dans le même bol qu'on se fait passer (miam)...
Nous avons moins apprécié la face sombre des mongols qui est leur "violence culturelle". Ce sont des guerriers. Ils sont toujours, malgré leur sourire, dans l'affrontement, dans la course, dans la lutte : les mongols aiment se battre et comparer leur force, ils aiment la course que ce soit à cheval ou en voiture, ils ont cette démarche fière et particulière et ces bergers sont de vrais coqs. Ce serait sans importance s'il n'y avait l'alcool, véritable fléau dans le pays. Les mongols ont toujours bu de l'airag, mais leur boisson à base de lait de jument fermenté est très peu alcoolisée. Depuis quelques années ils boivent de la vodka, beaucoup beaucoup de vodka, et forcément avec l'alcool, le guerrier devient stupide et violent. C'est une réalité dont nous n'avons pas fait les frais puisque nous sommes prudents : nous ne buvons jamais avec les mongols, nous ne vivons de toute manière pas le soir, nous choisissons notre bivouac encore plus minutieusement le samedi soir, Xtophe ne rentre jamais dans leur jeu (on se bat ? on fait la course ? Voyons si tu peux casser ce morceau de bois avec tes doigts ?) et nous avons réussi à éconduire gentiment ou fermement les quelques mongols qui devenaient un peu agressifs. Mais c'est triste. Et inquiétant pour l'avenir.
A la fois la vie en Mongolie est rude. Nous avons juste eu un aperçu du froid et ça nous suffit à imaginer l'hiver. La nature est aride et sans pitié. La vie des femmes notamment est très dure (oh quelle surprise me direz-vous !), elles font tourner la yourte, entretiennent le feu, font les dizaines de traite de tous les animaux, cuisinent le fromage, l'airag, font sécher la viande (sous le lit), vont chercher l'eau, coupent le bois et évidemment s'occupent des enfants. Pendant ce temps les hommes s'occupent des troupeaux. Donc ils les regardent avec leur longue-vue, parcourent la steppe à cheval ou moto pour vérifier si les troupeaux vont bien, et le soir ils les ramènent autour de la yourte. Ce qui leur laisse largement le temps de... boire. J'exagère un peu, mais à peine.
Et pourtant, malgré l'étrangeté de ce pays incroyable, malgré l'obstacle de la langue (et une fois de plus mon russe m'a bien aidée, c'est la seule langue étrangère qu'on a l'espoir de pouvoir parler ici) nous avons trouvé qu'il était très facile d'y voyager et si nous avions pu y entrer plus tôt nous y serions restés un mois de plus. C'est un pays merveilleux pour les adultes comme pour les enfants, Rachel l'a d'ailleurs hissé sur la première place du podium de ses pays préférés.
Nous pensons la culture mongole assez forte (si vous le pouvez, regardez un peu jusqu'où s'étendait l'empire mongol du temps de Genghis Kan) pour résister à l'occidentalisation mais surtout à l'invasion chinoise. Si vous avez envie d'un voyage incroyable, nous vous conseillons vraiment de tenter l'expérience mongole.
Pour l'heure nous sommes à Darkan, la météo nous a contraints à passer la nuit en ville, sur le parking d'un hôtel. Si la neige nous le permet, nous partons profitons de nos derniers jours dans les steppes avant de passer la frontière russe le 2 octobre.

mardi 27 septembre 2011

A nos Mongols préférés...

Nous les avons rencontrés à Irkoutsk, retrouvés après la frontière mongole et nous ne nous serons quasiment pas quittés durant tout notre séjour en Mongolie.
Nos mongols préférés ne sentent pas la yourte, quoi que... parfois pour certain au niveau des chaussettes...
Nos mongols préférés vivent sous une mini yourte verte et chevauchent des vélos.
Nos mongols préférés auront partagé notre vie pendant quelques temps, auront supporté petits et grands toqués, goûté au luxe du Toqcar et à la cuisine de la Toquée, et ils nous auront apporté cette sérénité que l'on a lorsque l'on voyage à plusieurs, en plus de la joie et des bons moments partagés.
Avec nos mongols préférés, nous avons refait le monde, défait et refait nos itinéraires, ri et pesté contre les mongols, bricolé, chanté au coin du feu, joué au cerf-volant, appris le judo, randonné, partagé nos galères administratives, appris à nous protéger du froid du mouton et du mongol ivre.
Demain nous repartons vers la Russie et nos mongols préférés poursuivent leur voyage vers la Chine, et nous sommes sûrs que plus que la Mongolie, dans quelques jours, ce sont nos Mongols préférés qui vont nous manquer.
Allez comme on vous pousse Sébastien et Elodie ! Bonne route, et comme nous avons dû promettre à Gaspard, si triste lorsqu'il a compris que vous ne poursuiviez pas le voyage avec nous, que vous viendriez nous voir à Biarritz un jour, rendez-vous d'ici quelques années dans notre maison en dur, pour un dîner de mongols.

Des chevaux et des hommes

 Nous ne pouvions pas envisager un séjour en Mongolie sans une promenade à cheval. A force de vivre au milieu de ces troupeaux, de ces cavaliers, de voir les chevaux attachés en ville, les enfants tout petits galopant dans les steppes et tant qu'à nous infliger du lait de jument fermenté, l'idée d'une chevauchée toquée était devenue une nécessité.
Il faut ajouter à cela que notre aîné aux mille ruses et aux mille allergies n'a jamais pu toucher un cheval et que par précaution il a été privé des séances scolaires au poney-club. Grâce au miracle des antihistaminiques et parce qu'il faut bien tenter le coup pour voir où on en est, nous étions décidés à réaliser ses rêves de Mongol.
Ayant à bord du Toqcar pour quelques jours des baby-cyclistter de choc pour notre Léon, nous avons profité de notre séjour autour de Karkorin pour organiser une randonnée pour les 5 plus vieux Toqués.
Xtophe et moi n'avions pas touché un cheval depuis nos 15 ans environ, donc un peu plus de dix ans, Rachel et Gaspard avaient eu la chance de fréquenter le poney-club grâce à leur école mais ils y ont surtout appris à panser les chevaux et à faire de petits jeux au pas. D'ailleurs les enfants de maternelle ne peuvent plus avoir droit à ces séances puisqu'il faudrait que les parents accompagnants, et peut-etre même l'instit, aient un brevet spécial ou je ne sais quoi... en matière de sécurité, on n'arrête plus le progrès, du coup on arrête les initiatives intéressantes.
Chacun s'est vu octroyer un cheval par notre guide, sur des critères... je préfère ne pas savoir sur quels critères puisque j'ai eu droit au cheval le plus paresseux et mou de Mongolie. Le guide en question a jugé que Gaspard pouvait gérer seul son cheval, ce qui m'a un peu fait trembler au début. Juste au tout début à vrai dire. Parce qu'après la première minute au cours de laquelle chacun a pris ses marques et a appris à gérer sa monture, quel bonheur !
Il faut savoir quand même qu'on ne monte pas un cheval mongol comme un cheval français. D'abord on n'a pas besoin d'un galop 1, 2 ou d'un quelconque niveau, on vous aide à monter sur le cheval et c'est parti. Il suffit de faire comme le guide. A savoir aussi, on ne passe pas
4 heures à panser, brosser les chevaux ni à les coiffer ou à leur faire des tresses comme on le fait chez nous. Le cheval arrive, poussiéreux comme notre Toqcar et coiffé... comme nos enfants, et hop, on le selle. Parlons-en de la selle, les enfants ont de petites selles
(celles des enfants mongols sont moulées à leurs fesses) toute jolies, les nôtres ne sont pas mal non plus mais je peux vous garantir que ce n'est pas le même confort que les selles françaises et qu'on a regretté de ne pas avoir de dell (ce grand manteau mongol, entièrement matelassé et ceinturé, qui en plus de tenir chaud sert aussi à pouvoir faire ses besoins un peu discrètement dans la steppe, et qui sans doute tient lieu de coussin à cheval). Le harnais est très simple, un licol équipé d'un mors et d'une longe, puisqu'il faut pouvoir attacher son cheval partout, longe qui sert de cravache aux mongols et dont ils usent sans ménagement. A savoir les chevaux mongols ne sont pas non plus habitués aux caresses, lorsqu'on tend la main pour les caresser, ils ont peur en général. En Mongolie le cheval est un outil de travail, un moyen de locomotion, un producteur de lait, de la viande, un bétail comme un autre et pas le doudou des poney-clubs ou le meilleur ami de l'homme.
Donc voici nos 3 grands petits Toqués pas du tout cavaliers lâchés sans ménagement sur leurs montures dans les rues de Karakorum. Notre guide, plutôt cavalier lui, avait dû percevoir les mongols qui sommeillaient en nous. Nous n'étions pas sortis de la ville que tous avaient déjà testé le trot sans aucun problème (si l'on excepte ma difficulté à faire trotter ma paresseuse monture que je répugnais à frapper comme m'y encourageait le guide) et savaient diriger leur monture. Pourtant le trot sur cheval mongol, ça secoue ! Et arrivés dans les steppes nous ne les arrêtions plus, notre allergique en tête, c'était à qui galopait le plus et le plus vite, à qui allait jouer au cow-boy derrière les troupeaux. Vous imaginez la joie de tous, et notre émerveillement à nous qui ne nous attendions pas à voir les enfants aussi immédiatement à l'aise, même si nous le savons, si ce n'est pas du sang mongol qui coule dans leurs veines, ils ont bien un huitième de sang de cavalier, et il ne saurait mentir, même à l'autre bout du monde !

jeudi 22 septembre 2011

Bizarreries mongoles

Le voyage c'est une aventure de chaque instant et chaque pays nous offre son lot de surprises. En Mongolie elles ne manquent pas.
Nous vous avons parlé de la cuisine mongole, autant être clairs, elle n'est pas variée. Sauf dans les restaurants un peu "hauts de gamme" ou touristiques, on ne trouve que de la soupe de nouilles et mouton, ou de la soupe de raviolis de moutons, ou des nouilles au mouton. On arrive parfois à négocier une soupe "sans mouton" mais on fait mal au coeur et aux casseroles des cuisinières qui nous trouvent vraiment mais vraiment très bizarres d'autant qu'il faut savoir qu'il n'y a quasiment pas de légumes. Nous n'arrivons pas à nous résoudre à acheter de la viande dans les étals des bouchers, qui ne sont pas très apétissants à nos yeux d'occidentaux aseptisés du coup vous imaginez ma joie lorsque j'ai trouvé des saucisses dans les (rares) frigos des petits stands du marché. Dans l'euphorie qui prend la mère nourricière quand elle sait qu'elle va faire plaisir à ses petits, j'ai acheté un bon stock de ces saucisses présentées à la russe, dans une peau de plastique. Forte d'une mésaventure russe justement et parce que je suis très maligne je vous l'ai dit, j'ai fait cuire ces saucisses dans l'eau, et non pas dans une poele (le plastique fondu c'est pas terrible...). Mes petits cochons ravis se léchaient d'avance les babines et se sont régalés même si nous avons cru devenir chêvres en découvrant que bien évidemment c'était encore et toujours du mouton !
Dans un autre domaine, ou dans le même d'ailleurs, vous avez pu constater sur les photos que les enfants jouent beaucoup avec les os d'animaux que nous trouvons partout dans les steppes. Chacun de nos campements se voit offrir un totem, notre Toqcar arbore d'ailleurs désormais une magnifique tête de chèvre. Au fur et à mesure de nos pérégrinations, découvrant la culture mongole, nous nous sommes interrogés sur le traitement réservé aux morts puisque nous n'avons pas vu de cimetières. J'ai profité d'une guide francophone croisée en ville pour me renseigner. Elle m'a dit que les cimetières sont assez éloignés des villes et que dans les campagnes on enterre les morts dans des endroits un peu symboliques, en haut d'un sommet ou autre. Lieu marqué par un petit monument, comme un ovo (ces monticules de pierres, ornés de foulards de prière), et effectivement nous en voyons souvent. Mais elle nous a aussi expliqué que chez les nomades, on pose le corps sur un linge blanc pour que les vautours et charognards l'emportent...
Depuis, Xtophe et moi regardons d'un oeil soupçonneux les osselets, épées, bateaux et autres jouets de nos sauvageons. Essayons de penser qu'en terre bouddhiste et chamanique il est naturel que les restes des descendants de Genggis Kan reçoivent les honneurs ludiques et les inspirations artistiques des Toqués...

lundi 19 septembre 2011

Notre vie en Mongolie

Notre vie en Mongolie est avant tout faite de liberté. Nous posons notre Toqcar dans les steppes, au pied des montagnes, au pied des dunes, au gré de nos envies. Les enfants sont libres de jouer dans l'immensité, les parents aussi. Forcément, le pays des nomades est fait pour nous !
Notre vie en Mongolie est faite de découvertes, il y a tant de paysages différents, d'animaux et de traditions nouvelles pour nous. Nous les citadins vivons au milieu des animaux, redoutant les hordes de chien, en adoptant quelques uns, chassant les pies voleuses, les insectes parfois bizarres, nous habituant aux troupeaux et nous extasiant face aux rongeurs et oiseaux innombrables. C'est la découverte d'une culture incroyable et mythique, mystérieuse aussi par bien des aspects.
Notre vie en Mongolie est faite de rencontres, rencontres avec nos voisins des yourtes qui viennent souvent nous saluer, à cheval ou à moto. Ils s'assoient avec nous, nous leur offrons à boire, à manger, ils nous parlent en mongol, nous ne comprenons rien, nous leur répondons quand même. Notre vie en Mongolie est souvent faite de mimes ridicules, et de franches rigolades du coup parce que les mongols ont les yeux qui pétillent et le rire aussi facile que nous. Parfois on nous apporte du lait frais (nous ne savons jamais si c'est du lait de jument de chèvre ou de vache) et nous redécouvrons le goût du vrai lait, fort et crémeux. Nous allons aussi rendre visite à nos voisins dans les yourtes, nous habituant (difficilement) à l'airag (lait fermenté et alcoolisé) de bon matin. Léon s'habitue petit à petit à être embrassé comme du bon pain, pris dans les bras, emmené dans les cuisines, pris en photo. Mais nous rencontrons aussi beaucoup de voyageurs, et pour la première fois depuis que nous voyageons, plusieurs français. Il y a évidemment nos passagers clandestins qui pour une dizaine de jours campent devant le Toqcar et partagent notre vie de bohème, pour le bonheur de tous, il y a aussi la Team Boulot et leurs quatre enfants, presque aussi grands que leur camion, voyageurs sans planning ni itinéraire précis pour l'instant entre le Maroc et la Mongolie. Rendez-vous est également pris avec une famille bien plus toquée que la nôtre : avec leurs 4 enfants (on vous l'a dit : sur la route nous rencontrons surtout des familles nombreuses) ils voyagent à vélo ! (vous voyez maman et jolie-maman que nous sommes très raisonnables, limite plan-plan). Du coup, entre le dépaysement de la Mongolie, notre vie sauvage, et les rencontres et échanges avec les autres voyageurs, l'équilibre est parfait.
Notre vie en Mongolie est faite de plaisirs simples : celui d'un repas sans mouton, celui d'un bon feu de bois pour chasser les insectes ou nous réchauffer le soir parce que notre plus grande difficulté ici est non pas de trouver de l'eau (dans tous les villages il y a un bâtiment exprès qui distribue l'eau à la pompe) mais bien de trouver du bois. Plaisir de se chauffer les mains tous en rond lorsque la température chute, bien serrés à l'indienne selon la devise que nous avons reprise à Sébastien : "L'homme blanc fait un grand feu et se met loin du feu, l'indien fait un petit feu et se rapproche du feu." Plaisir de la vie en plein air, des jeux les plus simples pour les enfants, autour des ruisseaux, avec du bois, des pierres, des bestioles, des plantes, des crottes séchées, des carcasses d'animaux, plaisir des randonnées et des promenades. Plaisir d'une journée où Gaspard ne nous énerve pas une seule fois (littérature mensongère ou voeux pieux mais laissez nous rêver), plaisir d'une douche chaude quand on sait qu'on retourne en ville et donc qu'on aura de l'eau le lendemain. Plaisir de la lessive faite dans la rivière (surtout quand on est celui qui ne se gèle pas les mains) et du chauffage dans le Toqcar.
Notre vie en Mongolie c'est le mois de septembre le plus froid que nous ayons connu, c'est la neige qui est déjà tombée, c'est apprendre à s'armer contre des températures parfois difficiles, mais aussi savoir s'y adapter et vivre avec. Notre vie en Mongolie ce sont donc des collants pour tous sous les pantalons, des empilements d'épaisseurs, des moufles et des bonnets en poil de yack ou de chameau, des achats de sacs de couchage en polaire, de tapis pour le sol du Toqcar et d'interminables discussions avec les autres voyageurs sur notre équipement contre le froid. C'est une nouvelle forme d'élégance, les photos parleront d'elles-mêmes... Mais c'est aussi savoir jongler parce que dans la même journée il peut faire chaud puis très froid.
Notre vie en Mongolie est très douce, très simple mais elle est surtout faite d'émerveillement permanent et d'images inoubliables. La Mongolie nous offre sans aucun doute un des plus beaux mois de septembre de notre vie.

samedi 10 septembre 2011

Oulan Bator

Un nom qui sonne non ? Mais une ville qui sonne aussi, qui klaxonne plutôt. Une ville qui pousse à une vitesse effrénée, celle des buildings et des chantiers innombrables, celle des voitures, énormes 4x4, qui roulent n'importe comment sans se soucier des piétons ni d'aucune règle de courtoisie ou de bon sens. Une ville dans laquelle vivent un tiers des mongols, et pour beaucoup dans des conditions très difficiles : ils viennent installer leur yourte aux portes de cet Eldorado, mais vivent dans des conditions sanitaires déplorables au pied des gratte-ciels et des magasins de luxe, d'un monde d'affaires, d'expats, de fric, qui côtoie quelques restes de traditions mongoles.
Séduits par la campagne mongole, nous nous interrogeons face à cette capitale : que va devenir le pays, cette croissance folle, croissance touristique mais surtout économique profitera-t-elle à tous ou seulement à quelques privilégiés du cru et à beaucoup d'étrangers flairant la manne ?
Nous ne nous attarderons pas plus que nécessaire dans cette mégapole, les steppes nous appellent, mais il nous fallait régler quelques formalités administratives et matérielles. Nous avons la chance d'avoir trouvé par hasard un parking bien situé et relativement tranquille qui nous permet de tout faire à pied ou presque. Pour le reste c'est simple, en Mongolie, il suffit pour prendre une voiture, de tendre gracieusement (et prudemment) la main au bord de la route pour qu'une voiture s'arrête, et si notre destination lui convient, pour une somme vraiment modique, nous serons emmenés à bon port. Ce co-voiturage organisé et rétribué est très pratique (en plus d'être vital pour la circulation déjà bien encombrée de la capitale), et sympa pour nous qui pouvons ainsi un peu discuter avec nos chauffeurs occasionnels.
Il est une autre complication dans cette cité, c'est celle du nom des rues. Le Mongol s'écrit en caractères cyrilliques. Mais pour simplifier la vie de tous, chaque guide, chaque carte, chaque personne retranscrit à sa manière, et phonétiquement, ces noms de rues dans l'alphabet latin. Certains aussi donnent la traduction anglaise du nom de la rue. Et de toute manière, apparemment, personne ne connait vraiment les noms des rues, on fonctionne plutôt par repères et lieux.
C'est ainsi que nous avons mis une bonne matinée à localiser le consulat du Kazakstan. Je le dis maintenant pour les futurs voyageurs : le consulat est dans la rue qui part à droite devant la "Green House". Vous tournez le dos à la place Sukhabatar, vous avancez vers le pont, vous arrêtez une voiture et lui dites : "Green House", tout le monde connaît.
La valse des visas fait partie du ballet du voyageur. C'est un peu fatigant, pas souvent intéressant, mais toujours très folklorique. Une fois que j'ai trouvé le conulat, j'ai réalisé qu'il était fermé (il est ouvert de 10 à 12 et de 16 à 18). Je suis donc revenue l'après-midi et savais, par l'expérience d'autres voyageurs que je pouvais m'attendre à ce que les formalités soient compliquées. J'avais rempli les formulaires de demande de visa en ligne et préparé les dossiers du mieux que je le pouvais selon les informations en ma possession. Finalement il s'est trouvé que l'employé de l'ambassade parlait quelques mots de français, il a ri en voyant mon tas de passeports, a vaguement feuilleté un dossier, puis m'a tendu un papier, me demandant d'aller payer (la moitié du prix annoncé) dans une banque du centre ville puis de revenir le lendemain pour récupérer les visas. En quelques minutes l'affaire était conclue, en moins de 24h, pour le prix le plus bas, j'avais mes visas. Bon, j'ai quand même dû insister un peu pour qu'on s'occupe de moi lorsque je suis revenue les chercher : après avoir patienté dans un cagibi glauque, après avoir lu le discours du président Kazak et les panneaux tristes qui ornent les murs, après avoir sonné en jouant tous les airs du monde sur la sonnette de l'interphone, j'ai contourné le bâtiment et suis allée chercher quelqu'un dans les bureaux, ce qui les a affolés et m'a permis récupérer mes passeports.
Voilà pour la partie administrative.
Nous avons aussi occupé notre temps à acheter des affaires pour l'hiver (mon obsession du froid...) même si la douceur (diurne) est revenue sur la capitale la plus froide du monde dans laquelle sont quand même tombées quelques gouttes de neige à notre arrivée il y a 3 jours.
Xtophe et moi avons même pu nous offrir le luxe d'un dîner en amoureux grâce à nos baby-sitter-cyclistes de choc, Sébastien et Elodie. Et comme on est très dégourdis on embarque demain notre couple au pair sans leurs vélos mais avec leur tente dans le Toqcar pour passer ensemble quelques jours à l'Ouest. Il y a si longtemps que notre cap est bloqué sur l'Est que je me demande si nous n'allons pas réellement en perdre le Nord...

mercredi 7 septembre 2011

Les Toqués chez les Mongols


Depuis quelques jours, nous avons l'impression de rêver. De fait, nous vivons un rêve.
Dès notre arrivée à la frontière mongole, nous avons compris que nous changions de pays. Les douanières réclamaient des bisous à Léon, les douaniers venaient dans notre camping-car remplir les papiers, et tous avec un immense sourire et les yeux qui pétillent.
Mais surtout, Xtophe et moi ne nous attendions pas vraiment à cela. A ce que la Mongolie soit vraiment exactement telle que nous l'imaginions, telle qu'on la raconte, telle que les enfants l'espéraient. Vous savez on se demande toujours dans quelle mesure ce que l'on lit ou voit d'un pays depuis chez nous n'est pas folklore ou exagération ou fantasme de notre part mais non, la Mongolie est réellement tout ce que vous pouvez vous la représenter.
Les paysages sont somptueux, immenses, époustouflants. Et dans cette immensité de verdure, des yourtes, des troupeaux, des aigles, des chevaux...
Nous avons encore l'impression que tout ceci est irréel.
Le premier jour, nous nous sommes installés, non loin de la route (parce que nous ne pouvons trop nous aventurer sur les pistes et que nous ne voulons pas être totalement isolés), mais pas trop près des yourtes pour ne pas déranger. A la tombée de la nuit, Sambo est arrivé au galop sur son petit cheval nerveux pour nous inviter à manger chez lui. Nous étions crevés, un peu déboussolés comme toujours en arrivant dans un nouveau pays, et celui-là est vraiment dépaysant, les enfants étaient déjà couchés (on a reperdu une heure en arrivant en Mongolie), mais il était hors de question de refuser. Il nous a guidés parmi la steppe, vérifiant pour nous qu'aucun obstacle ne viendrait nous poser problème et nous a fait garer le Toqcar à côté d'une yourte.
Il a filmé notre descente de camping-car, nous a présenté ses voisins et amis et à peine avions nous eu le temps de ranger nos passeports que nous nous trouvions assis sous la yourte, à la nuit tombée, une tasse de thé au lait salé dans les mains, n'en croyant pas nos yeux... ni notre palais.
Rien n'est une légende. La yourte est comme on nous l'avait dit exactement. Et la nourriture mongole aussi. Le thé salé, bon, on parvient à le boire. Le yaourt est plutôt bon, Gaspard et Léon s'en sont régalés. Mais le fromage séché et l'autre espèce de fromage aigre... c'est rude rude. Ils nous ont appris comment se passer la bouteille de parfum mongol, enfin, un symbole dont on n'a pas encore compris tous les tenants et aboutissants. On a aussi admiré les médailles gagnées par le chef de yourte lors des courses de chevaux d'OUlan Bator. Il fallait voir les yeux brillants des enfants... Nous avons tout de même refusé l'invitation à dîner (ils nous avaient sorti la viande séchée qui est sous la table), et Christophe a préféré dire qu'il ne buvait pas d'alcool (je sais le voyage nous fait faire et dire des choses insensées !) face à l'invitation des hommes à les rejoindre pour boire de la vodka une fois que nous serions couchés.
Nous avons quelques difficultés de communication parce que le mongol est incompréhensible et qu'ils ne parlent que quelques mots d'anglais et russe. Mais a priori tous les mongols que nous avons croisés ont un sacré sens de l'humour, et aiment rire autant que nous, alors nous nous débrouillons et rions ensemble.
Nous étions invités pour le petit déjeuner, mais nous avons essayé d'être discrets parce que nous ne nous sentions pas prêts pour du fromage mongol au saut de la couchette. Lorsque nous sommes sortis, les hommes étaient déjà partis et nous avons pu saluer la maîtresse de la yourte et échanger quelques cadeaux avant de partir bivouaquer un peu plus loin.
Depuis nous avons bivouaqué au milieu des troupeaux, et ils sont beaux, parce que contrairement à chez nous, un troupeaux de vaches est constitué de vaches de toutes tailles, de toutes les couleurs, sans parler des yacks impressionnants. Il en va de même pour les chèvres, les moutons, les chevaux. Et les troupeaux sont très importants. On a aussi aperçu notre premier troupeau de chameaux.
Mais on est aussi entourés d'oiseaux de diverses sortes, des petits bruyants, de grands rapaces qui nous frôlent, d'échassiers. Et parfois des petits rongeurs, nous pensons des marmottes, filent autour de nous, se lèvent sur leur pattes arrières, nous regardent, poussent de petits cris et effrayés par ceuxde joie de nos enfants, repartent se terrer.
Les voisins des yourtes autour de nous passent nous saluer, parfois visiter le camping-car, faire grimper les enfants sur leur cheval. Régulièrement au cours de la journée un cavalier surgi de nulle part nous frôle au galop, dans son long manteau ceinturé. Comme on imagine je vous dis.
Même la météo est telle qu'on l'imagine. Vous verrez sur les photos qu'un jour les enfants étaient en culotte toute la journée tant il faisait chaud, puis le lendemain le froid est arrivé, un vent froid terrible, et nous avons enfilé nos tenues d'hiver et allumé le chauffage.
Nous avons retrouvé par hasard nos amis cyclistes (et un cycliste suisse qu'ils ont embarqué en route) et avons bravé le froid ensemble (eux plus que nous quand même).
Nous descendons aujourd'hui sur Oulan Bator où nous avons des courses, des visas, des bricolages à faire et nous rayonnerons ensuite autour de la capitale. Xtophe est ravi, nous allons pouvoir nous arrêter déjeuner dans un café en route et manger des raviolis (au mouton), ou des soupes (au mouton), ainsi que des beignets (de mouton), parce que ça non plus ce n'est pas une légende et nous avons bien ri lors de notre premier repas au restaurant. A ce rythme-là, dans un mois il aimera le mouton. Et nous peut-être plus du tout.
Mais nous pensons à vous : le fromage mongol se conserve très bien, puisqu'il sèche dans une assiette sur la porte de la yourte, et les enfants ont pris l'habitude de le dissimuler habilement et discrètement dans leurs poches lorsqu'on leur en offre trop. Nous le stockons pour vous et pourrons donc vous faire goûter cette spécialité et partager a posteriori un peu de cette aventure merveilleuse.

A chacun sa rentrée (3septembre2011)


En ce jour de rentrée des professeurs, à l'heure où doit se terminer
le discours du proviseur, à quelques jours de la rentrée des élèves,
les Toqués s'apprêtent à entrer en Mongolie. Je peux vous dire qu'on
pense bien à vous et qu'on savoure notre rentrée buissonnière.
D'ailleurs sachez que lundi 5 septembre est un jour férié dans notre
calendrier toqué, nous préférons nous concentrer et envoyer toutes nos
bonnes ondes vers nos amis qui retournent sur les bancs de notre chère
école. Sachez d'ailleurs que la rentrée a eu lieu le 1er septembre en
Russie et que les enfants ont troqué leurs joggings contre des
uniformes impeccables : costard-cravate pour les garçons, robes et
frous frous blancs dans les cheveux pour les petites-filles, chemisier
blanc (plus ou moins à froufrous) et bas noir (plus ou moins court,
plutôt plus en général) pour les lycéennes. Impressionnants et
élégants.
Avant d'arriver à Oulan Oude et Kaikhta, ville frontière avec la
Mongolie, nous avons passé deux nuits au bord du Baikal, et c'était
une étape dont nous rêvions depuis longtemps.
L'arrivée au bord du lac est impressionnante. Il faut dire que le
Baikal est long de 636 kms, et a une profondeur maximum de 1637
mètres. Il contient près d'un cinquième des réserves d'eau douce de la
planète, et l'eau la plus pure du monde, du moins selon tous les
russes que nous y avons rencontrés et dont l'objectivité est évidente.
Comme il est entouré de montagnes imposantes, mais aussi de jolis
villages sans parler de la mythique ligne du transsibérien, j'avoue
que je l'ai trouvé bien plus beau que ce que j'imaginais. Cherchant un
coin sympathique où nous installer, nous sommes tombés sur deux
beaux-frères allemands en camping-car, réalisant un vieux rêve en 2
mois. Nous étions ravis puisque ce sont les premiers overlanders que
nous rencontrons et nous avons décidé de passer la fin de journée
ensemble. Mettant nos ressources en commun (et mon allemand en
pratique - mais j'avoue qu'il ne m'a jamais autant servi que depuis
notre départ) nous nous sommes dégotté un petit coin de paradis du
côté de Baikalsk. Tandis que nous préparions le feu pour le dîner,
nous avons fait une autre rencontre formidable : Alexandra et ses
enfants. Elle et son mari, sportifs de très haut niveau (et
journaliste-TV pour elle) moscovites, ont décidé de s'installer dans
ce petit village au bord du Baikal, à la grande surprise et frayeur de
leurs familles et amis. Il faut dire que Biarritz est bien plus proche
de Moscou que le Baikal !) Nous avons passé une très bonne soirée
franco-germano-russe. Le lendemain Thomas et Andreas sont partis et
nous avons passé la journée avec Alexandra et Alexandre (ou Sacha et
Sacha pour simplifier les choses). Trouver des russes anglophones
était une aubaine pour nous, d'autant que nous avons réellement
sympathisé. Nous avons pu visiter la maison qu'ils se construisent et
admirer le savoir-faire et les traditions russes. Nous n'avons rien
inventé avec nos maisons écolos ! Vous noterez cette spécificité : on
construit le corps de la maison (ou du bania,  le sauna donc) et
seulement ensuite on découpe les portes et fenêtres. Alexandre va
couper lui-même une bonne partie du bois dans la forêt, tout
simplement. Il ramasse aussi l'isolant d'ailleurs.
Ils nous ont ensuite invité à dîner dans la maison centenaire en ruine
qu'ils occupent pendant leurs travaux et nous nous sommes régalés.
Nous avons appris plein de choses sur la Russie, leur vie, le Baikal,
ils nous ont fait goûter des choses, ont pu expliquer certains
mystères que nous ne nous expliquions pas, nous ont aidés dans
quelques traductions techniques ("Je souhaite des pneus cloutés de
telle taille" etc etc) Nous avons bien ri, les enfants ont joué comme
des fous. Nous avons mille choses en commun avec ce jeune couple plein
de projets (le premier point commun, vous l'aurez compris, est la
jeunesse - et la carrure pour Xtophe et Alexandre, cf photos... ) et
espérons bien les revoir lorsque nous reviendrons au mois d'octobre
(Simon ce coup-ci tu maîtrises l'itinéraire ?) même si le devoir les
appelle à Moscou entre temps.
Nous, entre temps, nous allons visiter ce bout du monde qu'est la
Mongolie. Nous commencions à nous sentir chez nous en Russie, c'est
donc une nouvelle aventure qui commence, et vu les paysages auxquels
nous avons eu droit déjà entre Oulan Oudé et la frontière, je pense
que nous ne serons pas déçus du voyage...