Oman est un pays aride. Mais il est formé de vallées entre les
montagnes escarpées, creusées par les wadis, fleuves la plupart du
temps asséchés. Les lits des rivières servent donc de route, et
toutes les routes traversent ces lits. Il parait effectivement inutile
de construire une multitude de ponts alors qu'il n'y a quasiment
jamais d'eau.
On a bien ri depuis notre entrée à Oman, lisant sur les panneaux en
bord des routes de désert : "if water is at red, stop". Effectivement
les lits de rivières sont notés par des poteaux blancs et rouges qui
servent de repère. Difficile d'imaginer qu'il puisse y avoir de l'eau
à ces endroits-là...
Nous ne rions plus aujourd'hui.
Il y a quelques jours nous avons quitté le royaume des tortues pour
visiter l'intérieur du pays. Fiers de nous, nous avons battu des
records de vitesse pour expédier l'intendance à Sur, et manger dans
notre restau préféré. Il faut dire qu'après nous être levés trois
matins d'affilée à 4h pour traquer nos amies pondeuses, nous avons du
mal à reprendre un rythme normal et sommes sur le pont avec le soleil.
Nous nous sommes arrêtés admirer le chantier des dhows, ces bateaux
traditionnels en bois et on a bien cru que Xtophe allait rester là.
Finalement il a accepté de repartir avec nous mais l'a sans doute
regretté. A peine avions-nous redémarré que notre fichu "@€/*£¥$
de voyant s'allumait sur le tableau de bord. Moral au fond des tongs
dans le cockpit. Mais aucun symptôme évident alors on a poursuivi
notre route. Avec des enfants archi pénibles à l'arrière, incapables
de se taire, ce qui arrange toujours la situation. Puis pour couronner
le tout, dans un virage, en montée, paf, un pneu qui nous lâche. Et
comme si c'était un pneu ce serait trop simple, c'est la jante qui
s'est cassée. Évidemment comme il était midi à peine passée, il
faisait très très chaud, et pour ajouter à l'ambiance délicieuse de
ce bon moment, la roue de secours restait bloquée sous le Toqcar.
Plusieurs omanais se sont arrêtés pour nous proposer leur aide, nous
donnant de l'eau fraiche et risquant de tâcher leurs belles robes
blanches. Ils étaient surtout choqués de me voir dehors en plein
soleil mettre la main (enfin... Tout est relatif) à la pâte.
Heureusement MacGyver en a vu d'autres et de bien pires. Et quand nous
avons redémarré, parce qu'il y a quand même une justice, le fameux
voyant s'était éteint. Et les enfants s'étaient calmés.
Nous avons repris notre route vers le wadi Bani Khalid, parce que les
rivières asséchées ou basses forment de sublimes lieus de promenade
et de baignade.
Considérant que nous avions eu notre part quotidienne d'ennuis, nous
nous sommes engagés sur la route de montagne même si nous n'avions
plus de roue de secours. La route est belle mais les omanais font les
routes de montagne comme les mongols : tout droit dans la pente. (un
inspecteur de l'éducation nationale omanaise nous a dit que nos routes
de montagnes françaises étaient romantiques) et moi, depuis peu, je
ne supporte plus les routes de montagne, donc autant vous dire que je
n'ai pas profité du paysage. Sans parler des passages qu'on n'est
jamais certains de pouvoir remonter, je vous épargne le fait qu'on les
a donc descendus... Heureusement que j'ai totalement confiance en mon
chauffeur.
Arrivés dans un lieu qui nous a prouvé que nous nous étions trompés
de route, et déjà assez envahi par l'eau du wadi, nous avons eu peur
des nuages qui s'accumulaient sur les sommets et avons décidé d'aller
bivouaquer en hauteur. La vue était superbe. Nous avons profité du
calme de ce lieu et de mon calme (tout est relatif là aussi) retrouvé
pour faire un grand ménage par le vide dans le Toqcar. Objectif :
perdre du poids pour ménager nos jantes, nos freins et mes nerfs.
L'orage a été impressionnant et la pluie est tombée toute la nuit.
Le matin, nous nous sommes retrouvés face à une première route
coupée par l'eau. Des gens du coin nous ont montré un autre chemin.
Mais l'accès au fameux wadi était également bloqué. Parce qu'en
plus de l'eau, comme les crues sont très violentes, les routes sont
envahies de pierres. Les habitants des villages des wadis ont
l'habitude et garent leurs voitures de l'autre côté de la rivière
lorsqu'il va pleuvoir. Ils traversent à pied et ne sont donc pas
coincés. Le ciel était toujours menaçant, la météo des jours à
venir peu encourageante, nous avons rebroussé chemin et repris cette
route de montagne dans laquelle j'ai encore failli mourir.
Nous nous sommes réfugiés deux jours à Ibra, faisant réparer notre
roue et goûtant à la douceur de cette ville paisible. Les locaux nous
on confirmé qu'il ne fallait pas aller dans les
Wadis durant quelques jours. Bernard nous a confirmé que c'était
très dangereux et qu'il fallait surtout toujours écouter les locaux.
Nous avons visité le souk des femmes dont je vous reparlerai et sommes
repartis pour Sinaw où se tient un très beau souk le jeudi avant de
partir pour Nizwa et son marché aux animaux du vendredi.
Mais... Mais un énorme orage a éclaté mercredi soir et il a plu toute
la nuit et encore ce matin. Et nos voisins nous ont dit que la route
de Nizwa est coupée par l'eau et que cette nuit 6 voitures ont été
emportées... La rivière monte à une vitesse folle, c'est très
impressionnant, les wadis sont pleins (mais nous sommes en sécurité
maman et jolie maman) La météo nous annonce des orages tous les jours
donc nous sommes bloqués.
Comme dit Xtophe, après tout c'est quand même mieux que Qatbit. Et
nous sommes nourris par les voisins et invités et adoptés comme
toujours.
Rachel a déjà des copines évidemment.
Nous élaborons déjà des plans de secours, vous savez comme nous
aimons ça. Sauf que face à la nature et à la montée des eaux, nous
sommes totalement impuissants et ne pouvons que patienter (nous
commençons à savoir faire) et goûter la fraicheur retrouvée avec
nos voisins qui trouvent très exotique ce temps européen, car il ne
pleut jamais en avril et il n'a pas plu ainsi depuis 10 ans. Comme ils
disent : aujourd'hui c'est jeudi, il pleut et vous êtes là, c'est un
jour de fête ! Que la fête ne continue pas trop quand même...
oh la la que de péripéties, vous avez un courage monstre et vivement BTZ pour vous ressourcer. Ici nous avons le même temps mais bien moins exotique. Bonne route et profitez bien . Bisous. Matita
RépondreSupprimerEffectivement, heureusement que nous n'avons pas eu tous les détails de vos péripéties dans les mails ! on espère maintenant que les eaux vont bien vouloir vous laisser continuer votre route ! bisous à tous
RépondreSupprimerOuh pinaise, bande de cachottiers. Je parie sur Xto transformant le toqcar en toqboat, avec moult bidons servant de ballasts et une hélice. Bon courage bisous et gare à l'eau.
RépondreSupprimerXixi
ou la la c'est chaud!!! bon courage les toques!
RépondreSupprimeranne ce
L'avion vient d'atterrir, Alex surfe sur internet pour trouver le véhicule de ses rêves pour un futur grand voyage pendant que je me précipite sur votre blog pour lire vos aventures. A vous lire je réalise que nous sommes passés entre les gouttes (c'est le cas de le dire!). A quelque kilometres de vous notre aventure fut bien différente. Il y a certes eu quelques grêlons dans le désert, une ballade manquée au Jebel Shams et un gros orage sous la tente dans le Wadi Bani Awf, mais rien du déluge que vous décrivez.
RépondreSupprimerOn a été ravi de croiser votre route, vous avez ravivé notre flamme du grand voyage... Bonne route à travers le désert vers le soleil et les routes sans ravins de Jordanie.
Bises
Delphine
Merci les Henormes (que Gaspard appelle "les Géants") ! Rachel regrette d'avoir manqué l'appel de Louise vendredi soir (nous dormions tous), mais on pourra skyper et mailer. De nouvelles photos sont en ligne, je n'ai pas attendu votre autorisation pour les publier, j'espère ne pas avoir heurté votre droit à l'image. Bonne reprise à tous, et nous vous aiderons à préparer votre futur grand voyage ! Bises !
RépondreSupprimerThérèse pas anonyme