Le 21 octobre, nous avons passé la frontière kazake en un temps record d'une heure tout compris. Et malgré notre émotion en quittant la Russie, nous sommes heureux de découvrir de nouveaux horizons, et d'aborder cette seconde partie de notre voyage qu'est l'Asie centrale.
Immédiatement et de nouveau nous avons été surpris par le changement soudain de paysages, en une heure nous sommes passés de la forêt russe au steppes immenses. Les maisons n'étaient plus en bois mais en torchis, recouvertes des tas de foin pour l'hiver. Cette région du Kazakstan est jonchée de ruines d'un passé plus ou moins glorieux, et plutôt douloureux. Cette région avait été choisie par les soviétiques pour pratiquer des centaines d'essais nucléaires. Mais auparavant les kazakes, nomades et éleveurs, avaient été décimés par les famines et la répression des russes qui avaient décidé de les sédentariser et de les forcer à l'agriculture.
Ce qui nous a frappé rapidement, en plus des steppes magnifiques, des chapkas des policiers, des routes pires qu'en Russie, des cimetières musulmans si beaux, ce sont les innombrables photos du président... quand on a un ministère de la propagande, pardon, de la communication, aussi efficace, nul doute qu'on n'établit pas son pouvoir uniquement par la douceur ni le suffrage universel. Le Kazakstan est certes un pays en plein essor économique mais il vaut mieux y éviter les sujets politiques.
Ce qui nous a également frappé c'est le fait que la langue principale du pays demeure le russe. D'ailleurs de nombreux kazaks ne parlent pas du tout le kazak ! Mais dès le premier jour nous avons aussi pu apprécier les saveurs d'Asie centrale : le bortsch a gagné en finesse, les plats de viande sont relevés et joliment présentés, agrémentés d'herbes et d'épices. D'ailleurs en arrivant ici nous réalisons combien les russes en plus de n'être pas du tout commerçants (ce qui est bien agréable d'un certain côté, on n'a pas à marchander les prix en permanence), n'ont pas ce sens esthétique que l'on trouve partout ailleurs en Asie dans le moindre étalage de fruits et légumes, dans la moindre assiette mangée à un coin de rue.
Nous avons traversé le pays (en largeur, c'est plus simple) pour rejoindre Almaty afin de pouvoir lancer notre valse préférée : celle des visas. Mais nous sommes de grands chanceux, les formalités se révèlent bien plus simples et moins onéreuses que ce que nous avions prévu, et il se peut même que nous partions du Kazakstan avec tous nos visas pour l'Asie centrale en poche... Ne vendons pas de suite la peau du chameau, je vous raconterai plus tard nos exploits consulaires et autres aventures extraordinaires.
La rançon de cette gloire administrative c'est que nous sommes un peu coincés à Almaty. Nos passeports devraient partir la semaine prochaine à l'ambassade iranienne d'Astana, et seront pris en otage par le Turkmenistan la semaine suivante. Et vu les nombreux contrôles policiers sur les routes kazakes, nous éviterons de nous éloigner de la capitale sans nos papiers. Mais peu importe, cette ville est très agréable, verte, on y trouve le confort moderne et des traditions un bazar tels que nous les aimons. Nous avons prospecté un peu partout mais n'avons pas trouvé mieux que notre parking devant le parc Gorki (oh que c'est original ! ), nous avons déjà notre chauffeur de taxi attitré, les enfants vont acheter le pain et faire les courses, on a déjà fait quelques rencontres, on prend nos marques.
Mais avant de nous séparer de nos passeports, comme nous sommes très malins, nous avons voulu faire une escapade hors de la ville pour le week-end. Nous sommes partis hier pour le magnifique Canyon de Charyn, à 200 kms à l'Est d'Almaty. Nous avons jugé qu'il n'était pas encore temps de faire installer les pneus neige cloutés qui attendent des jours pires dans notre coffre puisqu'il ne tombait que de la pluie... sur la ville. Au fur et à mesure que nous approchions des montagnes et des frontières chinoises et kirghizes, et que nous prenions de l'altitude, étrangement, il se mettait à neiger de plus belle. Mais rien ne tenait sur le sol alors, nous n'étions pas inquiets.
Pour parvenir au parking qui permait ensuite la randonnée dans le canyon, il faut suivre une piste, certes plates mais vraiment mauvaise, de 10kms. Mais la steppe ne blanchissait pas, alors nous étions heureux. Arrivés à l'entrée du parc national, nous nous sommes aquittés de notre droit d'entrée, scrupuleusement. Cherchant le lieu où nous poserions le Toqcar pour la nuit, afin d'attendre le lendemain et le soleil pour aller randonner, nous avons longé le Canyon, très impressionnant, ce qui m'a valu une bonne frayeur et a presque valu une pension alimentaire à Xtophe. Nous étions seuls au bout du plus beau milieu de nulle part mais comme il s'est arrêté de neiger, les enfants sont sortis jouer dehors, moi je me suis installée courageusement, à l'intérieur, pour lire. Et tout d'un coup, contre toute attente fin d'octobre à 1200 m au Kazakstan, la neige s'est remise à tomber de plus belle, et la steppe est devenue entièrement blanche. Alors que je revoyais intérieurement ma pension alimentaire à la hausse (il faut toujours un responsable et il doit payer), nous avons décidé qu'il n'était pas sage du tout de rester seuls (le gardien était parti), à 10 kms de la première route, au bord d'un Canyon, sous la neige qui masquait le chemin, avec un véhicule pas du tout 4x4 et en surcharge pondérale... Tant que nous distinguions encore la piste nous avons pris nos roues (pas cloutées puisque ces dernières étaient toujours au chaud dans le coffre) à notre cou et sommes repartis. ça nous a consolés d'avoir été un peu malhonnêtes avec le gardien (et avec vous... j'ai écrit "scrupuleusement ?") en ordonnant aux enfants de baisser la tête et de se taire lorsque nous avions franchi la barrière du parc une heure plus tôt.
Alors que la nuit tombait et qu'intérieurement je commençais à penser que je méritais aussi une pension compensatoire, nous avons décidé de ne pas nous rendre à la ville la plus proche qui nous obligeait à franchir des cols à plus de 2000m sous une tempête de neige en pleine nuit, mais que la décision la plus sage (je vous le répète, nous sommes très malins) était de rentrer à Almaty. Nous avons levé les punitions qui s'était accumulées à l'aller dans les rangs, distribué les DS à nos passagers, et avons repris notre route en sens inverse.
Bien sûr nous nous sommes fait arrêter par un policier zélé qui a examiné tous nos papiers et n'a finalement rien trouvé à nous reprocher, pas même la météo.
Finalement notre chauffeur a assuré, parce que conduire la nuit au Kazakstan, et surtout sous la neige, ça fait penser à un jeu-vidéo, sauf que dans les jeux-vidéo on ne voit pas souvent les troupeaux de mouton, les cavaliers, les matraques rouge lumineuses des policiers, les vendeurs de chachliks, les auto-stoppeurs. Remarque... je n'ai jamais joué au moindre jeu-vidéo... Malgré la déception, revenus sur notre parking pour la plus grande surprise de notre gardien de nuit (à Almaty, tout est gardé), nous étions soulagés. J'ai décidé de garder mon chauffeur et mari parce que pour le moment, je n'en connais pas de meilleur. Les pneus neige-cloutés sont toujours au chaud dans le coffre mais comme nous sommes très malins, nous envisageons de les faire monter avant de quitter Almaty.
Immédiatement et de nouveau nous avons été surpris par le changement soudain de paysages, en une heure nous sommes passés de la forêt russe au steppes immenses. Les maisons n'étaient plus en bois mais en torchis, recouvertes des tas de foin pour l'hiver. Cette région du Kazakstan est jonchée de ruines d'un passé plus ou moins glorieux, et plutôt douloureux. Cette région avait été choisie par les soviétiques pour pratiquer des centaines d'essais nucléaires. Mais auparavant les kazakes, nomades et éleveurs, avaient été décimés par les famines et la répression des russes qui avaient décidé de les sédentariser et de les forcer à l'agriculture.
Ce qui nous a frappé rapidement, en plus des steppes magnifiques, des chapkas des policiers, des routes pires qu'en Russie, des cimetières musulmans si beaux, ce sont les innombrables photos du président... quand on a un ministère de la propagande, pardon, de la communication, aussi efficace, nul doute qu'on n'établit pas son pouvoir uniquement par la douceur ni le suffrage universel. Le Kazakstan est certes un pays en plein essor économique mais il vaut mieux y éviter les sujets politiques.
Ce qui nous a également frappé c'est le fait que la langue principale du pays demeure le russe. D'ailleurs de nombreux kazaks ne parlent pas du tout le kazak ! Mais dès le premier jour nous avons aussi pu apprécier les saveurs d'Asie centrale : le bortsch a gagné en finesse, les plats de viande sont relevés et joliment présentés, agrémentés d'herbes et d'épices. D'ailleurs en arrivant ici nous réalisons combien les russes en plus de n'être pas du tout commerçants (ce qui est bien agréable d'un certain côté, on n'a pas à marchander les prix en permanence), n'ont pas ce sens esthétique que l'on trouve partout ailleurs en Asie dans le moindre étalage de fruits et légumes, dans la moindre assiette mangée à un coin de rue.
Nous avons traversé le pays (en largeur, c'est plus simple) pour rejoindre Almaty afin de pouvoir lancer notre valse préférée : celle des visas. Mais nous sommes de grands chanceux, les formalités se révèlent bien plus simples et moins onéreuses que ce que nous avions prévu, et il se peut même que nous partions du Kazakstan avec tous nos visas pour l'Asie centrale en poche... Ne vendons pas de suite la peau du chameau, je vous raconterai plus tard nos exploits consulaires et autres aventures extraordinaires.
La rançon de cette gloire administrative c'est que nous sommes un peu coincés à Almaty. Nos passeports devraient partir la semaine prochaine à l'ambassade iranienne d'Astana, et seront pris en otage par le Turkmenistan la semaine suivante. Et vu les nombreux contrôles policiers sur les routes kazakes, nous éviterons de nous éloigner de la capitale sans nos papiers. Mais peu importe, cette ville est très agréable, verte, on y trouve le confort moderne et des traditions un bazar tels que nous les aimons. Nous avons prospecté un peu partout mais n'avons pas trouvé mieux que notre parking devant le parc Gorki (oh que c'est original ! ), nous avons déjà notre chauffeur de taxi attitré, les enfants vont acheter le pain et faire les courses, on a déjà fait quelques rencontres, on prend nos marques.
Mais avant de nous séparer de nos passeports, comme nous sommes très malins, nous avons voulu faire une escapade hors de la ville pour le week-end. Nous sommes partis hier pour le magnifique Canyon de Charyn, à 200 kms à l'Est d'Almaty. Nous avons jugé qu'il n'était pas encore temps de faire installer les pneus neige cloutés qui attendent des jours pires dans notre coffre puisqu'il ne tombait que de la pluie... sur la ville. Au fur et à mesure que nous approchions des montagnes et des frontières chinoises et kirghizes, et que nous prenions de l'altitude, étrangement, il se mettait à neiger de plus belle. Mais rien ne tenait sur le sol alors, nous n'étions pas inquiets.
Pour parvenir au parking qui permait ensuite la randonnée dans le canyon, il faut suivre une piste, certes plates mais vraiment mauvaise, de 10kms. Mais la steppe ne blanchissait pas, alors nous étions heureux. Arrivés à l'entrée du parc national, nous nous sommes aquittés de notre droit d'entrée, scrupuleusement. Cherchant le lieu où nous poserions le Toqcar pour la nuit, afin d'attendre le lendemain et le soleil pour aller randonner, nous avons longé le Canyon, très impressionnant, ce qui m'a valu une bonne frayeur et a presque valu une pension alimentaire à Xtophe. Nous étions seuls au bout du plus beau milieu de nulle part mais comme il s'est arrêté de neiger, les enfants sont sortis jouer dehors, moi je me suis installée courageusement, à l'intérieur, pour lire. Et tout d'un coup, contre toute attente fin d'octobre à 1200 m au Kazakstan, la neige s'est remise à tomber de plus belle, et la steppe est devenue entièrement blanche. Alors que je revoyais intérieurement ma pension alimentaire à la hausse (il faut toujours un responsable et il doit payer), nous avons décidé qu'il n'était pas sage du tout de rester seuls (le gardien était parti), à 10 kms de la première route, au bord d'un Canyon, sous la neige qui masquait le chemin, avec un véhicule pas du tout 4x4 et en surcharge pondérale... Tant que nous distinguions encore la piste nous avons pris nos roues (pas cloutées puisque ces dernières étaient toujours au chaud dans le coffre) à notre cou et sommes repartis. ça nous a consolés d'avoir été un peu malhonnêtes avec le gardien (et avec vous... j'ai écrit "scrupuleusement ?") en ordonnant aux enfants de baisser la tête et de se taire lorsque nous avions franchi la barrière du parc une heure plus tôt.
Alors que la nuit tombait et qu'intérieurement je commençais à penser que je méritais aussi une pension compensatoire, nous avons décidé de ne pas nous rendre à la ville la plus proche qui nous obligeait à franchir des cols à plus de 2000m sous une tempête de neige en pleine nuit, mais que la décision la plus sage (je vous le répète, nous sommes très malins) était de rentrer à Almaty. Nous avons levé les punitions qui s'était accumulées à l'aller dans les rangs, distribué les DS à nos passagers, et avons repris notre route en sens inverse.
Bien sûr nous nous sommes fait arrêter par un policier zélé qui a examiné tous nos papiers et n'a finalement rien trouvé à nous reprocher, pas même la météo.
Finalement notre chauffeur a assuré, parce que conduire la nuit au Kazakstan, et surtout sous la neige, ça fait penser à un jeu-vidéo, sauf que dans les jeux-vidéo on ne voit pas souvent les troupeaux de mouton, les cavaliers, les matraques rouge lumineuses des policiers, les vendeurs de chachliks, les auto-stoppeurs. Remarque... je n'ai jamais joué au moindre jeu-vidéo... Malgré la déception, revenus sur notre parking pour la plus grande surprise de notre gardien de nuit (à Almaty, tout est gardé), nous étions soulagés. J'ai décidé de garder mon chauffeur et mari parce que pour le moment, je n'en connais pas de meilleur. Les pneus neige-cloutés sont toujours au chaud dans le coffre mais comme nous sommes très malins, nous envisageons de les faire monter avant de quitter Almaty.