Vendredi 13 juillet 2012, un an quasi jour pour jour après avoir
quitté la France, nous en avons franchi de nouveau la frontière, dans
l'autre sens, nous jetant dans le flot des voitures et camping-cars
qui en arpentent les routes. Ce week-end de grand départ est celui de
notre grand retour.
Nous ressentons ce sentiment étrange qui nous pousse à nous demander
si toute cette histoire a bien été réelle, si nous n'avons pas
rêvé ces 12 derniers mois.
Il est impossible de résumer cette année et inutile puisque vous avez
été si nombreux à nous suivre.
Vous trouverez ici notre palmarès familial, réalisé par Ulysse,
schématique et très lacunaire (le palmarès pas le fils !) mais qui
nous a permis, le temps de le coucher sur le papier, de revivre
quelques épisodes de notre épopée. Et quelle épopée ! Vous verrez
que si nous nous accordons dans les grandes lignes, chacun a ensuite
ses souvenirs et sa propre expérience du voyage.
Ce voyage aura sans aucun doute été plus fort que le premier.
N'étant plus confrontés à la découverte de la vie de nomades et
d'overlanders, nous avons pu savourer pleinement l'aventure.
Il a été plus long, plus froid, plus chaud, nous sommes allés plus
au Nord et plus à l'Est, plus haut et plus bas, avons eu plus de
galères, plus de religion (trop), plus de surprises, il a été plus
culturel aussi, plus varié, nous avons fait plus de rencontres.
Évidemment nous l'avons fait avec plus d'enfants mais aussi avec des
enfants plus grands.
Nous avons plus de plaisir à rentrer mais aussi plus de réticences.
Toutefois ce retour, par la mer avec nos compagnons-voyageurs, et par
la terre ensuite, se fait plus en douceur aussi.
Nous avons eu l'impression d'apprendre beaucoup et de ne pas nous
couper du monde, sans doute parce que certaines des civilisations que
nous avons découvertes, ont une histoire commune avec la nôtre. Je
crois que nous revenons plus sages, plus lucides plus conscients que
jamais des enjeux du monde et de ses faiblesses, plus conscients de
notre ignorance et de nos faiblesses, mais toujours aussi Toqués, peut-
être un peu plus.
Alors avant de conclure ce blog, de replonger dans la vie sédentaire
et de relever de nouveau le défi du quotidien, nous voudrions adresser
quelques remerciements.
D'abord un grand merci à Ulysse, Rachel, Gaspard et Léon nos 4
moussaillons. Leur enthousiasme n'a pas faibli une seconde durant ces
douze mois. Dans les moments difficiles, leur optimisme et leur bonne
humeur nous ont portés. Ils se sont intéressés à tout, n'ont craint
ni le chaud ni le froid, ni les épices d'Arabie ni le gras de Mouton
de Mongolie, ni les heures d'attente ni les changements de programme,
ni le chant des muezzins ni la musique ouzbeque, ni le tchador ni la
kippa. Ils ont supporté l'impatience de leur professeur et les coups
de gueule de leur chauffeur. Ils ont travaillé comme des champions,
autonomes et rapides ils ont bouclé leur programme et joué les
prolongations (presque) sans rechigner. Ils ont beaucoup appris et
énormément donné. Nous avons fait ces voyages pour eux et avec eux
mais je crois surtout grâce à eux.
Merci aussi à nos familles dont nous louons le soutien logistique,
informatique, administratif, moral, matériel et dont nous avons
parfois mis les nerfs à rude épreuve. Pour vous consoler dites-vous
qu'il y a de fortes chances pour que nos enfants nous jouent quelques
tours de ce genre un jour...
Merci à tous ceux que nous avons rencontrés durant cette année.
Voyageurs au long cours ou à court terme, hôtes d'un jour ou de bien
plus, merci à tous ceux qui ont partagé un bout de route, de pain, de
joie ou de galère avec nous. Plus que jamais ce sont les rencontres
qui nous ont marqués, parce qu'elles ont parfois été décisives et
toujours enrichissantes.
Merci Marc, Augusta, Philipp, Elios, Hamu, Alexei, Corinne, Julien,
Victoire, Mathis, Mission Possible, Seb, Elo, Tatiana, Jo, Sofia,
Claudio, Camille, Alexandre, Alexandra, Andrei, Lila, Aurelient,
Emmanuelle, Caroline, Serge, Adele, Eugenie, Gustave, Josephine,
Caroline, Philippe et les enfants, Annabelle, Julie, Quentin, Maxime,
David, Lila, Andrei, Nastia, Anja, Elena, Ania, Sofia, Tatiana,
Mickael, Alex, Anja, Cristina, sœur Rosarius, sœur Maria-Stella,
Marc, Tania, Aidan, Daria, Gerault, Stefen, Maryse, Georges, Kripa,
Ilingo, Ichan, Jean-François, Sarvar, la famille de l'Hôtel de Khiva,
l'équipe du parking d'Ashgabat, Mohamad, Roxana, Hashem, Sam, Bernd,
Barbel, Peter, Sabine, Amer, Sahid, Bernard, Pitoy, Pascal, Nathalie,
Jacques, Odile, Dominique, Juliette, Anne-Laure, Sebastien et leurs
enfants, Alex, Delphine, Ninon, Felix, Louise, Julien, Dona, Maia,
Ella, Eva, Peter, Patrick, Marine, Victoria, Roxane, Cassandre,
Laurent, Marie, Louis, Mathilde, Gabrielle, Fanny, Nicolas, Aram,
Melinee, Daniel, Karine, Gad, Eli, Dove, Jonathan, Yaël, Ilan, Samuel,
Aviva, Pascale, Vincent, Ilse, Klass, Jors, Lena, Tobias... Et tous
les autres. Nous espérons que nos routes se recroiseront.
Merci à vous, hypocrites ou affichés lecteurs, nos semblables nos
frères. Merci de nous avoir obligés à coucher sur la toile nos
impressions et souvenirs. Merci de nous avoir soutenus, encouragés,
aidés. Merci à tous ceux que nous ne connaissons pas et qui nous
laissent parfois de petits mots ou nous envoient des mails. Merci
également à tous les discrets silencieux ou anonymes.
Et surtout un grand merci à tous ceux de nos amis et de nos familles
qui nous ont écrit, plus ou moins régulièrement, à ceux qui nous
ont ravitaillés en photos, en potins, en livres, en cadeaux, merci à
vous tous grâce à qui nous avons envie de rentrer pour le simple
(mais immense) plaisir de vous retrouver.
Ulysse adore cette citation : "Patria est ubicumque est bene" : la
patrie c'est partout où on est bien. Je n'en ferai pas ma devise.
Nous avons été bien, très bien même, dans de nombreux endroits,
mais ce que nous retenons de ces voyages c'est surtout que notre
patrie c'est l'Europe et la France en particulier, parce que c'est
chez nous que nous sommes vraiment bien.
Nous adorons l'aventure, nous adorons voyager, sortir de nos
habitudes, découvrir celles des autres, essayer de comprendre le monde
en allant nous y frotter, nous y piquer un peu aussi.
Nous sommes conscients de l'imperfection de la France, de ses défauts
de ses problèmes et du chemin à parcourir pour avancer dans le bon
sens, mais nous n'avons pas envie de vivre ailleurs.
Nous sommes heureux d'élever nos enfants dans un pays laïc. Nous
sommes fatigués et excédés par ces états religieux dans lesquels la
religion régit la vie et les esprits. Je le dis d'autant plus
facilement que je suis moi-même assez grenouille de bénitier à mes
heures. Pour autant je demeure plus attachée à la laïcité que
jamais.
Nous sommes heureux d'élever nos enfants dans un pays où notre fille
a les mêmes droits que ses frères, où les femmes peuvent travailler
et avoir des enfants ou ne pas en avoir ou ne pas travailler. Un pays
où nos enfants peuvent aller à l'école, faire des études, se marier
avec qui ils le souhaitent, quels que soit l'origine, la famille, la
religion ou le sexe de l'élu, ou ne pas se marier, et surtout mener la
vie qu'ils souhaitent sans se cacher ou risquer pour cette vie.
Nous sommes heureux de vivre dans un pays en paix, où les armes sont
interdites, et aussi de nous sentir si proches de tous nos voisins.
Heureux d'avoir le droit de prendre notre camping-car, de tracer la
route, et de franchir toutes les frontières du monde.
Alors encore une fois préparez-vous à tout nous raconter, à nous
présenter les bébés et les nouveautés, et à nous donner des coups
de pied aux fesses dans les moments de blues.
Tremble Hexagone car plein d'usage et déraison, les Toqués rentrent
de nouveau à la maison, vivre entre leurs parents le reste de leur
âge (ou presque...) !