jeudi 1 mars 2012

Nos déserts et nos camps


 (épisode mécanique numéro 278)
(ou le jour où j'ai appris la patience. Enfin, un peu...)

C'est quand même beau ce monde moderne qui nous permet de recevoir un
colis n'importe où en quelques jours ! Ulysse et Xtophe ont battu des
records de vitesse, dans tous les sens du terme (ceux qui ont conduit
en Arabie comprendront) lorsqu'ils sont allés récupérer notre nouveau
filtre à gasoil à 300 kms de notre camp de Qatbit. Depuis la Russie
il faut reconnaître qu'il est toujours aisé de faire le moindre trajet
en stop, petit ou grand, que ce soit en ville ou dans le désert, et ce
sont toujours des moments qui permettent des rencontres drôles
insolites ou intéressantes. Durant cette petite journée en ville, ils
ont ainsi entre autre reçu l'aide de Hashem, jeune omanais du coin qui
leur a fait promettre de le tenir au courant de la suite.
Dimanche soir, nous étions heureux à l'idée de pouvoir enfin
repartir lundi matin pour Salalah et cette partie d'Oman dont nous
rêvions tant.
Lundi matin, en un temps record aussi, notre mécano de choc a
installé le nouveau filtre et le Toqcar, après quelques hésitations,
a redémarré.
Nous avons fait le plein de gasoil, d'eau, avons dit au-revoir à tous
ceux qui nous entouraient depuis quelques jours et nous sommes lancés
vers le Sud. Mais 20 kms plus tard, de nouveau notre voyant s'est
allumé, le moteur était en totale perte de puissance, ne permettant
plus à son chauffeur, désolé, d'accélerer. Nous avons donc de
nouveau fait demi-tour. Nous voyant passer dans l'autre sens, tous les
ouvriers qui travaillent à la nouvelle route se sont interrogés et
ont même envoyé leur chef, anglophone, se renseigner à notre sujet.
Il ne s'agissait plus du filtre. Et ça ressemblait affreusement à ce
qui s'était produit en Iran. La cata...
Depuis le début de nos ennuis mécaniques nous avons le sentiment
qu'il y a un problème, que personne n'a su identifier, et qui est à
l'origine de toutes les autres pannes. Et c'est quasi toujours après
avoir fait le plein que les ennuis surgissent.
Xtophe s'est courageusement replongé dans le moteur, moi je n'avais
plus beaucoup de courage, il faut le dire. Nous nous sommes battus en
Iran pour avoir la chance de poursuivre le voyage et de visiter
notamment Oman et nous n'en aurions vu qu'une station service dans le
désert. Nous étions déjà en train d'élaborer nos énièmes
nouveaux plans pour les mois à venir, tout en commençant à organiser
un rapatriement vers les Emirats.
Xtophe m'a quand même rappelé qu'il faut être patient aussi. Parce
que nous l'avons éprouvé et un sage ami voyageur nous l'avait aussi
dit, en général, tout finit par se résoudre. Mais vraiment ce n'est
toujours pas mon fort.
Heureusement que mon ingénieuse moitié l'est plus que moi.
Heureusement que mes petits quarts gardent toujours le sourire et sont
toujours prêts à trouver merveilleux les changements de programme. Et
heureusement je me laisse toujours rapidement reprendre par leur et
mon optimisme de Toqués.
Xtophe s'est démené et le soir le Toqcar semblait fonctionner
normalement. Mais que faire ? Parce qu'il fonctionnait aussi
normalement le matin même.
Seuls, nous aurions sans doute fait demi-tour et sans doute
réorganisé la fin du voyage.
Mais d'abord un des chauffeurs de camion du chantier, qui vit sur
place comme tous les ouvriers du désert, un sikh à la coiffe fière,
s'est penché sur notre cas. Il ne parle pas anglais. En quelques
minutes, il a peut-être trouvé l'origine de tous nos soucis. Il a
immédiatement affirmé que c'est le
bouchon de notre réservoir de gasoil qui est bouché. Oui je sais, ça
parait dingue mais ça colle parfaitement... Il suffit de le changer et
en attendant de fermer le réservoir par un chiffon.
Mais nous ne savions toujours pas ce que nous devions faire :
poursuivre vers le Sud, sachant qu'en cas de souci on ne peut se faire
tracter jusqu'à Salalah à cause d'un col assez impressionnant,
repartir vers les Emirats mais... Et si nous tombions en panne dans le
désert encore ?
Et là, notre ami Hashem nous a offert la réponse. Tel le Petit Prince
(version moderne, sorti de son 4x4 américain) il avait tout simplement
décidé de venir nous voir à Qatbit, nous sachant dans la panade. Il
a juste fait 300kms pour nous soutenir, embarquant un ami dans sa
virée.
Discuter avec eux nous a fait le plus grand bien, nous avions besoin
d'amis et la décision est devenue évidente. Nous allions poursuivre
notre route comme prévu. Nous n’étions pas seuls en cas d'ennui.
Mardi, une semaine jour pour jour après avoir échoué à Qatbit, nous
tentions pour la troisième fois cette route sous les encouragements de
tous les ouvriers et chauffeurs du coin.
Je ne vous dis pas la tension à l'avant du camping-car... Mais nous
avons roulé comme si de rien n'était. Et avons pu rejoindre Salalah
et sa côte superbe et sauvage. Et nous sommes sous les cocotiers,
devant les oiseaux innombrables, les dauphins, les poissons en tous
genres, notre ami Hashem joue les guides et nous fait découvrir son
pays et sa culture, nous commençons à nous détendre sérieusement.
Nous avons quitté notre coin de paradis pour venir relever nos mails
et surtout découvrir la bouille de notre nouveau neveu Jonas, mais
nous y repartons vite.
Alors pour les photos et autres récits sur Oman, qui est vraiment
magnifique, vous patienterez un peu. Je vous promets, ça paye
toujours...



Thérèse

14 commentaires:

  1. YOUHOUUU ! Super bonne nouvelle et merci à votre Mc Gyver Sikh. Bises.

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  2. ce ne sont pas des nerfs que vous avez mais de l'acier y compris le moral. Il y a longtemps que je vous admire mais là bravo. Bonne route et d'accord on patiente pour les photos Bizzzz Matita

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  3. Je l'ai toujours su, mais là vous en avez une preuve magnifique : les peuples orientaux sont incroyables... De parfaits inconnus deviennent des anges gardiens... Je vous souhaite encore tout plein de rencontres de ce genre... mais quand même, moins de soucis mécaniques ! Belle route, à bientôt.

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  4. incroyable!!!!!
    je comprends que cette mécanique soit désespérante!!!
    vous êtes super entourés c'est super!!
    bonne route

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  5. On vous "suit" toujours depuis la Mongolie mais entre-temps, nous revenons d'Ethiopie !

    Sacré périple foisonné de soucis mécaniques qui me feraient criser au plus haut point depuis ce temps !!
    Mais c'est vous qui avez raison d'être patients et puis, quelles jolies rencontres que vous faites !! Alors, bonne continuation, on croise les doigts...oui oui :-)

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  6. j'en ai les larmes aux yeux...

    Georges

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  7. Moi aussi, comme Georges...

    Soledad

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  8. bravo a vous et mille merci a ces bonnes âmes qui vous aident et qui nous si loin nous rassurent!
    on pense a vous tous les jours
    anne ce

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  9. Quelle belle leçon de vie...
    Bravo, vous triomphez vraiment de tous les obstacles ! Et merci à tous ceux qui vous aident et vous soutiennent dans ces moments difficiles !
    Bienvenue, Jonas !!!!!!
    Nath de B

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  10. Vous êtes épatants! Espérons que maintenant le moteur va se tenir tranquille... Tenez bon!

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  11. Bravo pour votre sang froid! Je croise les doigts pour que les soucis mécanique soient maintenant derrière vous... Et que de belles rencontres!
    Anna

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  12. Mais là maintenant sur votre plage et sous vos cocotiers... vous commencez déjà à nous énerver...

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  13. Pfffff je suis scotchée !!! Je t'imagine un peu nerveuse .... Quand même !

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