mercredi 24 août 2011

Tavarich President

Actuellement paraît dans Le Monde une série d'article sur la route
Moscou-Vladivostock. Nous ne pouvons les lire faute de connexion mais
savons que du coup notre famille nous suit encore mieux. Nous savons
aussi que certain de nos aïeux se rabaisse du coup à lire avec intérêt
quelques pages de ce journal de bolcheviks, nous sommes heureux
d'apprendre que la sagesse a attendu le nombre des années et des
arrière-petits enfants. Mais rassure-toi Aitatxi, ça restera entre
nous.
Je disais donc, camarade Poutine, comme je ne suis pas avare de
conseils et que je n'ai pas hésité à en donner à l'Eglise catholique,
je vais te faire une suggestion : désormais avant de faire des
déclarations, effectue quelques vérifications. Avant de crier sur tous
les Kremlins que désormais on peut rallier Moscou à Vladivostok sans
quitter le bitume, prends donc 3 semaines de vacances, ton 4x4 préféré
et trace vers l'Est. Et ensuite nous en reparlerons.
Certes, il y a des tronçons superbes. Globalement jusqu'à Krasnoiarsk
si l'on n'est pas trop difficile ou qu'on a déjà pas mal voyagé, la
route est correcte. D'ailleurs j'en profite, camarade président, pour
te féliciter pour ton dispositif policier auquel notre cher président
français ne trouverait rien à redire.  Jusqu'à la fin du Tatarstan,
ils sont partout, tout le temps. Heureusement que nous avons notre GPS
magique parce qu'il faut respecter scrupuleusement les limitations de
vitesse mais elles ne sont quasi jamais annoncées. Nous avons été
arrêtés une fois et accusés d'avoir doublé à un endroit interdit. Il
se trouve qu'il n'y avait aucun marquage au sol à cet endroit-là et
nous en avons déduit depuis (je vous l'ai dit on est très malins)
qu'en l'absence de marquage tout était interdit. Mon chauffeur a bien
essayé de contester, puis finalement quand le policier (au képi
démesuré) lui a montré l'image le menaçant de menottes puis de prison,
il a accepté de payer un bakchich (que l'homme est faible !) Mais pour
le moment ça a été notre seul incident de la sorte.
Certes les paysages sont beaux. Parfois monotones dans la steppe ou la
Taiga, mais nous apprécions le charme des villages de bois, les
bouleaux et les bouleaux et les pins. Et les bouleaux. Nous apprécions
aussi de pouvoir acheter pommes de terre, champignons, fruits,
légumes, pignons de pins (ma nouvelle drogue) en bord de route.
Certaines villes sont affreuses, mélange de cette architecture
soviétique dont la Sibérie a largement bénéficié, de rues bourbeuses
et boueuses, de ruines et affiches publicitaires en tous genres, mais
les jolies maisons en bois les sauvent toujours un peu.
Mais certains tronçons de la route n'ont jamais vu l'ombre de la
couleur du bitume. Ce ne sont que trous, caillasses et poussière.
Parfois, un camion de chantier passe et, par acquis de conscience,
balance devant nous deux traînées généreuses de bitume liquide sur la
chaussée. Nous nous trouvons donc non seulement obligés de rouler sur
ce bitume tout frais, mais comme nous faisons, comme tous les autres
véhicules, tous les efforts du monde pour l'éviter, nous creusons
cette route avant même qu'elle n'existe.
Aujourd'hui nous avons explosé notre premier pneu. Expérience
indispensable du voyageur... dont je me passe très bien. Même si notre
équipe technique a été très efficace et si finalement je porte assez
bien le gilet jaune fluo. Nous avons donc contribué à faire vivre un
des milliers de vendeurs de pneus qui fleurissent aussi le long des
routes avec les garages, et il est vrai que tu peux te vanter,
Camarade, de faire les beaux jours des mécaniciens en tous genres.
Alors cher Président, lorsque tu auras mangé de la poussière, que tu
auras poireauté devant des passages à niveaux nombreux (et les
transsibériens le sont aussi), que tu auras mis les pieds dans la boue
et la main dans le cambouis, que tu auras affronté tes chauffards de
concitoyens, et parcouru 450 kms en une journée, tu pourras faire
toutes les déclarations que tu souhaites.
Et encore, je suis généreuse, parce que j'aurais pu t'imposer de
repasser par cette route au retour, comme nous le ferons dans un mois
et demi...

5 commentaires:

  1. Dans un mois et demi vous repassez par là ? Tu peux nous faire un point itinéraire prévisionnel à l'occasion stp ? Je suis un peu perdu.
    Et l'école ça se passe bien ? Pas trop dur la 5ème ? Vous vous en sortez comment pour toutes les matières ?
    Sinon ça me fait plaisir de savoir que vous aussi avez malgré tout beaucoup de bouleaux.
    Bisous et à très vite, embrasse la joyeuse troupe,
    Tonton Xixi.

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  2. Merci ximun, je n'osais pas réclame l'itineraire... Que j'attends également avec impatience.
    Merci tt pour tes récits, je vis votre périple par procuration, un vrai bonheur.
    Gros bisous a tous

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  3. bonjour Thérèse et bon vent pour ce périple familial. Le récit est passionnant. ! Bertrand sauvagnac

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  4. extra!!!! quelle chouette lecture de bon matin!

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  5. Que de souvenirs !
    On se rappelle bien le prototype du flic russe qui fait les gros yeux et garde notre passeport dans sa poche jusqu'à ce qu'on lui donne les billets réclamés. On avait bien fait jouer leur numéro de charme aux enfants, mais rien n'y a fait...
    Isabelle

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