jeudi 18 août 2011

Camping Karachi

Chers lecteurs, pour vous nous ne reculons devant aucune expérience et cet été nous avons testé un concept qui devrait faire fureur dans les années à venir : le camping en Sibérie. Nos amis voyageurs Philipp et Augusta, qui ont une longueur d'avance sur nous, nous avaient conseillé de ne pas manquer les lacs après Tcheliabinsk et nous avaient indiqué un nom de village. Comme notre compagnie s'est modernisée depuis notre première aventure, nous avons désormais un GPS qui est bien pratique, et que nous allons bientôt regretter puisqu'il semblerait que la modernité des Toqués ait des limites et que notre GPS s'arrête aux frontières russes. Nous avons donc localisé ces lacs, sans bien savoir à quoi nous attendre. Nous avons vu plusieurs sanatoriums, quelques ruines d'un passé sans doute plus glorieux pour la région, puis notre route s'est transformée en chemin, le chemin en bourbier mais après avoir un peu tourné nous nous sommes retrouvés, derrière une petite ville constituée d'une barre d'immeubles et d'une multitude de jardins ouvriers, au bout du chemin, face à un camping ! Trois charmantes jeunes-filles nous ont indiqué le prix de la nuit (modique), nous ont annoncé très fièrement qu'il y avait un bar et un dancing, et m'ont rassurée en me disant que la musique s'arrête toujours à 2h du matin... Rappelez-vous notre crainte du Dieu techno... A notre disposition aussi un bania payant et des douches gratuites. L'avantage en Sibérie, surtout après une telle route, c'est qu'on ne fait pas le difficile et qu'on accepte LE camping, sans doute le seul à quelques milliers de kilomètres à la ronde. En plus la perspective d'un peu de confort est toujours très attrayante pour le routard.
Nous avons jeté notre dévolu sur un emplacement au bord d'un lac, puisque le camping en compte deux, en bas d'une pente que nous n'étions pas certains de pouvoir remonter, mais surtout à l'opposé du bar. Voyant les autres campeurs (ou pique-niqueurs) marcher jusqu'au milieu du lac, l'eau aux chevilles ou aux genoux, nous avons compris que visiblement il n'y avait aucune profondeur (on est très malins dans la famille il faut dire). Nous avons sauté dans nos maillots de bain, ravis à l'idée d'une baignade raffraîchissante puisque le thermomètre ne descendait toujours pas (temps des verbes à étudier) sous les 30 degrés. Première surprise lorsque nous nous sommes retrouvés à marcher sur une vase visqueuse, sorte de pâte à prout des marais. Seconde surprise : l'eau était chaude. Troisième surprise, les gens autour de nous avaient un air plus africain que sibérien... cette glaise est noire et les gens s'en recouvrent tout le corps avec un sérieux et une application étonnante. Quatrième surprise, mauvaise pour ceux d'entre nous qui ont l'habitude de plonger dans l'eau sans réfléchir : ce lac est très très salé. Tellement salé que la cinquième surprise nous a bien plu : alors qu'on a de l'eau sous les genoux, on flotte d'une façon insensée, expérience que nous ne pensions pas vivre avant de longs mois et la mer morte. Quelle baignade épique !
Nous avons donc vite compris l'intérêt du second lac, à l'eau douce et pourquoi ces sibériens noirs traversaient le camping pour aller se rincer dans l'eau normale (beurk) du second plan d'eau.
Nous avons ensuite testé les sanitaires du camping, enfin la douche parce que les toilettes n'étaient guère attirantes même s'il faut savoir qu'en Russie, s'il y a une chose qui ne manque jamais et nulle part, ce sont les toilettes.
la douche est un tuyau au milieu des cabines du sauna. Et au milieu des plantes et des orties. Il n'y a pas de porte, pas de rideau et il n'y a qu'une douche. On suspend donc sa serviette devant l'entrée de l'enceinte du bania pour signaler que la douche est occupée et on peut se mettre tout nu et se laver tranquillement. Bon ensuite on va chercher la serviette pour se sécher et on se retrouve nez (et fesses) à nez avec ceux qui font la queue. Et puis si quelqu'un veut prendre un sauna, ou sort d'une cabine, il assiste également à votre douche qui est dans l'enceinte du bania. Comme tous les moustiques géants et affamés qui la peuplent et qui se régalent et qui se sont fait une orgie de nourriture exotique grâce à notre visite. Mais vous saurez qu'une douche, quelle qu'elle soit est toujours une bénédiction pour nous.
Nous n'avons pas pu comme nous l'espérions, dîner dehors à cause de ces moustiques, mais nous avons passé une excellente nuit puisque finalement le patron ne met pas de musique le soir en dehors du week-end. Heureusement d'ailleurs pour nos voisins campeurs qui pour la plupart dorment à la pleine lune comme dit Gaspard.
Nous ne sommes tout de même pas restés plus longtemps, ayant peur de ne pas pouvoir reprendre le chemin du retour s'il pleuvait, un peu échaudés aussi par les moustiques, et gênés également par les ordures : nous avons retrouvé ce tableau désolant d'une nature jonchée d'ordures en tous genres, ce qui notamment lorsqu'on a un Toqué neuneu de 18 mois avide d'expériences gustatives, est un peu handicapant.
Toutefois nous vous recommandons vivement le camping de Karachi (Sibérie, ne pas confondre nos odyssées), sachez que non seulement vous y découvrirez plein de choses, mais vous ferez aussi la joie des autochtones qui vous regarderont en riant, et vous pourrez faire des réserves de boue noire et salée, qui a des vertus nombreuses et que tous emportent par kilos dans des seaux ou des bouteilles. Si nous avons une santé de sibériens cette année, nous saurons pourquoi ! (ps : évitez tout de même de remplir vos réservoirs au robinet de ze douche, elle vire jaune-marron en fin de journée)

6 commentaires:

  1. PS : pour les photos il vous faudra encore attendre, les débits locaux ne nous permettent que rarement les transferts

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  2. les photos sont en ligne.
    d apres nos infos, la concentration en sel est superieur a la mer noire (250gr/litre)
    a verifier !!

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  3. j'adore ton style, j'adore ce récit et les anecdotes qui la pimentent. J'espère que vous alelz vivre d'autres nombreuses aventures et qu'on verra les deux lacs. Finalement, c'est comme la vaisselle, un pour le lavage et l'autre pour el rinçage, donc je ne comprends même pas pourquoi vous avez voulu prendre une douche. Et je retiens qu'il faut donc prendre deux serviettes : une pour se sécher, l'autre pour servir de paravent pendant qu'on sortd e la douche !

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  4. Toujours très drôle! J'adore.

    Bises.

    Hélène

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  5. Trop drôle, je me régale... Gros muxus a vous 6

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  6. Concernant la flottaison, je fais confiance à Christophe pour avoir parlé aux enfants de notre ami Archimède ! Thérèse, ne cherche pas à comprendre....
    Dans tous les cas, ce camping nous a bien fait rigolé. Bonne continuation.

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