samedi 29 octobre 2011

Premiers pas au Kazakstan

Le 21 octobre, nous avons passé la frontière kazake en un temps record d'une heure tout compris. Et malgré notre émotion en quittant la Russie, nous sommes heureux de découvrir de nouveaux horizons, et d'aborder cette seconde partie de notre voyage qu'est l'Asie centrale.
Immédiatement et de nouveau nous avons été surpris par le changement soudain de paysages, en une heure nous sommes passés de la forêt russe au steppes immenses. Les maisons n'étaient plus en bois mais en torchis, recouvertes des tas de foin pour l'hiver. Cette région du Kazakstan est jonchée de ruines d'un passé plus ou moins glorieux, et plutôt douloureux. Cette région avait été choisie par les soviétiques pour pratiquer des centaines d'essais nucléaires. Mais auparavant les kazakes, nomades et éleveurs, avaient été décimés par les famines et la répression des russes qui avaient décidé de les sédentariser et de les forcer à l'agriculture.
Ce qui nous a frappé rapidement, en plus des steppes magnifiques, des chapkas des policiers, des routes pires qu'en Russie, des cimetières musulmans si beaux, ce sont les innombrables photos du président... quand on a un ministère de la propagande, pardon, de la communication, aussi efficace, nul doute qu'on n'établit pas son pouvoir uniquement par la douceur ni le suffrage universel. Le Kazakstan est certes un pays en plein essor économique mais il vaut mieux y éviter les sujets politiques.
Ce qui nous a également frappé c'est le fait que la langue principale du pays demeure le russe. D'ailleurs de nombreux kazaks ne parlent pas du tout le kazak ! Mais dès le premier jour nous avons aussi pu apprécier les saveurs d'Asie centrale : le bortsch a gagné en finesse, les plats de viande sont relevés et joliment présentés, agrémentés d'herbes et d'épices. D'ailleurs en arrivant ici nous réalisons combien les russes en plus de n'être pas du tout commerçants (ce qui est bien agréable d'un certain côté, on n'a pas à marchander les prix en permanence), n'ont pas ce sens esthétique que l'on trouve partout ailleurs en Asie dans le moindre étalage de fruits et légumes, dans la moindre assiette mangée à un coin de rue.
Nous avons traversé le pays (en largeur, c'est plus simple) pour rejoindre Almaty afin de pouvoir lancer notre valse préférée : celle des visas. Mais nous sommes de grands chanceux, les formalités se révèlent bien plus simples et moins onéreuses que ce que nous avions prévu, et il se peut même que nous partions du Kazakstan avec tous nos visas pour l'Asie centrale en poche... Ne vendons pas de suite la peau du chameau, je vous raconterai plus tard nos exploits consulaires et autres aventures extraordinaires.
La rançon de cette gloire administrative c'est que nous sommes un peu coincés à Almaty. Nos passeports devraient partir la semaine prochaine à l'ambassade iranienne d'Astana, et seront pris en otage par le Turkmenistan la semaine suivante. Et vu les nombreux contrôles policiers sur les routes kazakes, nous éviterons de nous éloigner de la capitale sans nos papiers. Mais peu importe, cette ville est très agréable, verte, on y trouve le confort moderne et des traditions un bazar tels que nous les aimons. Nous avons prospecté un peu partout mais n'avons pas trouvé mieux que notre parking devant le parc Gorki (oh que c'est original ! ), nous avons déjà notre chauffeur de taxi attitré, les enfants vont acheter le pain et faire les courses, on a déjà fait quelques rencontres, on prend nos marques.
Mais avant de nous séparer de nos passeports, comme nous sommes très malins, nous avons voulu faire une escapade hors de la ville pour le week-end. Nous sommes partis hier pour le magnifique Canyon de Charyn, à 200 kms à l'Est d'Almaty. Nous avons jugé qu'il n'était pas encore temps de faire installer les pneus neige cloutés qui attendent des jours pires dans notre coffre puisqu'il ne tombait que de la pluie... sur la ville. Au fur et à mesure que nous approchions des montagnes et des frontières chinoises et kirghizes, et que nous prenions de l'altitude, étrangement, il se mettait à neiger de plus belle. Mais rien ne tenait sur le sol alors, nous n'étions pas inquiets.
Pour parvenir au parking qui permait ensuite la randonnée dans le canyon, il faut suivre une piste, certes plates mais vraiment mauvaise, de 10kms. Mais la steppe ne blanchissait pas, alors nous étions heureux. Arrivés à l'entrée du parc national, nous nous sommes aquittés de notre droit d'entrée, scrupuleusement. Cherchant le lieu où nous poserions le Toqcar pour la nuit, afin d'attendre le lendemain et le soleil pour aller randonner, nous avons longé le Canyon, très impressionnant, ce qui m'a valu une bonne frayeur et a presque valu une pension alimentaire à Xtophe. Nous étions seuls au bout du plus beau milieu de nulle part mais comme il s'est arrêté de neiger, les enfants sont sortis jouer dehors, moi je me suis installée courageusement, à l'intérieur, pour lire. Et tout d'un coup, contre toute attente fin d'octobre à 1200 m au Kazakstan, la neige s'est remise à tomber de plus belle, et la steppe est devenue entièrement blanche. Alors que je revoyais intérieurement ma pension alimentaire à la hausse (il faut toujours un responsable et il doit payer), nous avons décidé qu'il n'était pas sage du tout de rester seuls (le gardien était parti), à 10 kms de la première route, au bord d'un Canyon, sous la neige qui masquait le chemin, avec un véhicule pas du tout 4x4 et en surcharge pondérale...  Tant que nous distinguions encore la piste nous avons pris nos roues (pas cloutées puisque ces dernières étaient toujours au chaud dans le coffre) à notre cou et sommes repartis. ça nous a consolés d'avoir été un peu malhonnêtes avec le gardien (et avec vous... j'ai écrit "scrupuleusement ?") en ordonnant aux enfants de baisser la tête et de se taire lorsque nous avions franchi la barrière du parc une heure plus tôt.
Alors que la nuit tombait et qu'intérieurement je commençais à penser que je méritais aussi une pension compensatoire, nous avons décidé de ne pas nous rendre à la ville la plus proche qui nous obligeait à franchir des cols à plus de 2000m sous une tempête de neige en pleine nuit, mais que la décision la plus sage (je vous le répète, nous sommes très malins) était de rentrer à Almaty. Nous avons levé les punitions qui s'était accumulées à l'aller dans les rangs, distribué les DS à nos passagers, et avons repris notre route en sens inverse.
Bien sûr nous nous sommes fait arrêter par un policier zélé qui a examiné tous nos papiers et n'a finalement rien trouvé à nous reprocher, pas même la météo.
Finalement notre chauffeur a assuré, parce que conduire la nuit au Kazakstan, et surtout sous la neige, ça fait penser à un jeu-vidéo, sauf que dans les jeux-vidéo on ne voit pas souvent les troupeaux de mouton, les cavaliers, les matraques rouge lumineuses des policiers, les vendeurs de chachliks, les auto-stoppeurs. Remarque... je n'ai jamais joué au moindre jeu-vidéo... Malgré la déception, revenus sur notre parking pour la plus grande surprise de notre gardien de nuit (à Almaty, tout est gardé), nous étions soulagés. J'ai décidé de garder mon chauffeur et mari parce que pour le moment, je n'en connais pas de meilleur. Les pneus neige-cloutés sont toujours au chaud dans le coffre mais comme nous sommes très malins, nous envisageons de les faire monter avant de quitter Almaty.

mercredi 19 octobre 2011

Montagnes russes


Avant de quitter Novosibirsk et la Russie, entre deux invitations dans des datchas, deux rencontres intéressantes, entre deux visites de musée, de zoo, de parc d'attraction, une promenade à cheval, d'excellents moments passés avec de nouveaux amis russes, quelques cours de cuisine, un concert philharmonique dans le plus grand opéra de Russie, profitant des derniers jours aussi de ce mois d'octobre radieux et avant le retour du froid habituel à cette saison, voici un petit pot-pourri de tout ce que je ne vous ai pas encore dit concernant la Russie : 
En Sibérie, les pizzerias font aussi des sushis, toujours.
En Bouriatie, comme en Mongolie, les lignes blanches, discontinues ou continues, sont peintes à la main sur les routes. De fait, elles ne sont pas du tout droites...
En Russie, les maisons, appartements, magasins, bâtiments, sont surchauffés. En général ils sont chauffés par un système central d'eau chaude. D'après les russes c'est important pour emmagasiner la chaleur et pouvoir ensuite affronter le froid, même système que le bania enfait. C'est fatigant pour nous.
En Russie donc les bébés ne dorment pas avec des babygros parce qu'ils auraient trop chaud. En revanche on leur met les babygros pour sortir, sous les vêtements.
En Russe on ne dit pas : "Bonjour Madame, excusez-moi de vous déranger, pourrais-je avoir l'honneur de vous demander une baguette s'il vous plaît je vous prie pardon merci." On demande "Y'a du pain ?"
et on vous répond "da" ou "niet".
En Russie d'ailleurs, comme en Mongolie, on demande à la boulangère si elle a du pain, ce n'est
jamais sûr. De même au restaurant inutile de lire la carte, il vaut mieux demander d'abord ce qu'il y a parce que ça peut être un seul plat, et qui n'est pas inscrit sur la carte. Mais on vous laisse toujours bien étudier la carte avant de vous dire : "niet, y a seulement du goulasch".
En Russie les gardiennes de musée ont des sourires de gardiennes de goulag, elles font très peur. Mais en Russie on apprend aussi que ce n'est pas parce qu'une dame a un air très méchant qu'elle ne sera pas
gentille.
En Russie on vend n'importe quoi à grand renfort de femmes nues (mais pas des gardiennes de musée hein) la moindre auto-école affiche des photos de femmes dans des pauses d'une vulgarité caricaturale, les  femmes portent souvent des jupes plus petites que leurs chapkas, et bien plus petites que leurs talons-aiguille, des
tenues d'un goût plus que douteux à nos yeux d'européens, des maquillages outranciers.
L'image de la femme est catastrophique en Russie et finalement entre le voile iranien et le bas résille russe il n'y a pas une grande différence en matière de respect de la femme et c'est affligeant pour nous.
D'ailleurs en Russie beaucoup de femmes vivent seules, ou avec leurs enfants et leur mère, dans des conditions économiques très difficiles.
Souvent, après les avoir traitées en princesse, leur offrant des fleurs dans les parcs, et un mariage de Walt-Disney, les princes charmant se transforment en crapauds paresseux alcooliques et violents. Ce n'est pas une généralité, mais c'est une réalité que beaucoup nous ont confirmé.
Ce qui est frappant à propos de la Russie et surtout cette Russie de l'Est, c'est que, si vous regardez la carte, nous sommes très très loin de chez nous. La Russie occupe toute la largeur de l'Asie, nous sommes allés presque aussi loin à l'Est que lors de notre dernier voyage, simplement en Russie. Mais les russes, surtout dans les grandes villes, sont très occidentalisés et nous ressemblent apparemment beaucoup. Sauf qu'ils sont différents. Ils ont une culture à part entière, une culture complexe et riche d'héritages historiques divers et difficiles. Même physiquement par exemple, les russes nous voient arriver de très loin et savent que nous ne sommes par russes. Il est arrivé qu'on me parle russe, mais jamais à Xtophe et jamais aux enfants. C'est une question de style (il faut dire que le nôtre est gratiné en ce moment) mais pas seulement. Si nous étions cinéastes, nous choisirions nos comédiens en Russie, les Russes ont  vraiment "des gueules". On a l'impression à chaque coin de rue de croiser des personnages de films. Mais il est important de se souvenir de ce fait lorsqu'on vient en Russie, malgré notre histoire commune et même si une partie de la Russie est très proche de l'Europe, ce sont, pour beaucoup des contrées lointaines et le dépaysement, s'il est moins évident, est total aussi. Xtophe, au cours de ses lectures (de la préface du Joueur de Dostoievski, tant qu'à faire...) a trouvé une citation de Drieu la Rochelle qui résumait bien ce sentiment dans les années 40 : "J'ai souvent dit que les Russes devraient avoir la peau d'une autre couleur que blanche. S'ils étaient verts, par exemple, les gens comprendraient peut-etre qu'ils sont aussi différents de nous que les jaunes et les noirs."

Enfin sachez qu'en Russie, les "montagnes russes" s'appellent "montagnes américaines" !
Nous partons ce matin vers les montagnes kazakhes mais ne serons pas totalement dépaysés puisque nous restons encore 3 mois dans l'ex Union Soviétique.

vendredi 14 octobre 2011

Bulletin du premier trimestre

Ecole : Malgré des débuts encourageants et une très bonne cohésion de
la classe, peut mieux faire.
Pour voyager nous utilisons le droit que nous avons tous, en France,
d'opter pour "l'instruction à domicile". Avec l'accord des services
sociaux municipaux et après en avoir informé l'inspection académique,
nos enfants ne sont donc plus scolarisés mais devront sans doute se
soumettre à un contrôle de leur niveau en fin d'année. Nous préférons
éviter le CNED dont le système est pesant (devoirs à renvoyer etc etc)
et le niveau extrêmement élevé. Nous ne partons qu'une année et ce
n'est certainement pas pour nous retrouver enfermés dans un système
inutilement contraignant. Nous avons donc, avec l'aide des professeurs
des enfants, et d'amis, choisi des ouvrages pour les principales
matières. Nous remercions d'ailleurs chaleureusement tous ceux qui
nous ont fourni tous ces supports et leurs conseils avisés. Nous
travaillons tous les matins, entre 1h et 2h. Ulysse en 5ème travaille
très bien. Totalement autonome, il gère son rythme de travail, choisit
ses exercices, il doit simplement poursuivre ses efforts en matière de
qualité de l'écriture. Je dois avouer avoir délégué toute la partie
scientifique à Christophe, ça a l'air de bien lui plaire, ne me
demandez pas de comprendre... Comme j'ai réussi à oublier le livre de
latin, des coursiers nous en livreront un à Noël, donc au premier
semestre Ulysse travaille surtout ses sciences, et nous mettrons les
bouchées doubles sur le latin à la fin de l'année.
Rachel en CM2 travaille sur des ouvrages qui mêlent disciplines
scientifiques et maths ainsi qu'Histoire-Géo et Français. Elle avance
très vite en français, plutôt lentement en maths. Rachel passe surtout
beaucoup de temps à rêver et est toujours aussi peu soigneuse. En
revanche quand il s'agit de faire du russe ou d'apprendre des poésies,
elle est d'une efficacité redoutable. Son professeur essaie de rester
calme ou du moins de ne pas devenir chèvre. Mais comme nous savons que
Rachel est une bonne élève, et que MERCI MON DIEU, l'an prochain elle
retombera entre les mains de mes TRES CHERS collègues, nous la
poussons un peu mais la laissons aussi travailler à son rythme.
Gaspard notre fusée fait un excellent début de CP. Il requiert une
bonne partie de mon attention mais apprend à lire et écrire à une
vitesse impressionnante. Il travaille très vite puisqu'il a bien
compris que la récréation était au bout de l'exercice. Donc en règle
générale en 1h il a bouclé son programme de la journée.
Par ailleurs évidemment les enfants lisent beaucoup et vivent leurs programmes.
Quant à moi... j'avoue ne prendre aucun plaisir dans cette école
buissonnière si ce n'est celui de savoir qu'elle nous permet un tel
voyage. J'aime, j'adore passer du temps avec mes enfants, les voir
grandir, j'aime j'adore enseigner en lycée, mais je ne sais pas être
le professeur de mes enfants. D'ailleurs je ne le suis pas, j'encadre,
j'aide (je houspille, je crie) mais ils travaillent seuls, je ne fais
pas de pédagogie cette année. Logique, je ne suis pas le pédagogue de
mes enfants. Et plus que jamais je trouve normal de confier cette
tâche à d'autres et suis heureuse de les voir réussir scolairement
sans que j'y sois pour quoi que ce soit. Bref, vive l'école !
Mais nous avons de bons moments, voir Gaspard, parti de rien, lire de
petites histoires et écrire, je dois dire que ça semble vraiment
magique. Sans parler de ces moments où il essaie d'écrire "yourte" devant le dessin de la "hutte", ou lorsque les leçons des grands rejoignent notre voyage et ce que nous observons tous les jours.

Technique : Trimestre difficile mais beaucoup de bonne volonté. Devrait réussir.
Lors de notre premier voyage nous avions un camping-car neuf et
n'avons eu aucun souci. Notre camping-car a vieilli, il a roulé
partout en Asie... nous devons donc faire face à de nombreux
problèmes. Xtophe doit mettre en ligne sa revue technique mais
justement la technique l'occupe suffisamment pour qu'il n'en ait pas
eu le temps encore. D'abord notre frigo nous a lâchés. Nous avons
acheté une glacière électrique. Ensuite notre bac de douche s'est
fissuré ce qui provoque des fuites dans le plancher du ccar, donc
Xtophe est en train de le réparer comme il le peut, à grand renfort de
joints, peintures, tuyaux et que sais-je (à l'heure où je vous parle
nous espérons VIVEMENT pouvoir nous doucher dans les jours qui
viennent...). Puis notre bouchon des eaux usées a rendu l'âme. Après
avoir inondé quelques bivouacs nous avons une nouvelle vanne. Et ce
matin le chauffage semble défaillir... Autant ces jours-ci nous
pouvons nous en passer, et depuis notre retour en Russie nous ne
chauffons plus la nuit, autant il nous le faut absolument pour les
mois à venir. Mac Gyver est sur le coup... Je ne parle pas des
plaquettes de frein que nous avons changées, de notre chauffe-eau un
peu capricieux etc etc. Franchement heureusement que nous avions un
véhicule neuf pour le premier voyage. Heureusement aussi que j'ai
choisi un mari bricoleur pour ce second voyage. Je pense que vous
comprenez donc ce que fait Xtophe le matin pendant que nous
travaillons. Et le Toqcar n'a jamais aussi bien porté son nom.

Itinéraire : Excellent trimestre, bonne orientation, poursuivez ainsi !
Nous sommes très heureux de notre choix d'itinéraire pour le moment.
C'est très différent du premier voyage, d'une certaine manière c'est
encore plus inattendu, plus l'aventure. Chaque jour nous apporte son
lot de découvertes, d'émerveillements, d'émotions.

Vie à bord : Très bon début d'année, on continue sur notre lancée.
Forcément nous avons très rapidement repris nos marques dans le
Toqcar. Forcément nous avons vite su comment nous organiser sans nous
marcher (trop) sur les pieds. La difficulté portait sur la gestion des
vêtements en pays froids. Manteaux, bonnets, bottes, chaussons, linge
à sécher qui ne sèche pas. Mais nous nous sommes bien organisés et y
parvenons. Et puis il y a toujours ce plaisir de la vie tous ensemble.
Le matin, lorsque chacun reste dans sa couchette, ou va juste se
réfugier dans une autre tandis qu'une bonne âme (elles sont deux à bord) se lève, allume le
chauffage et prépare le petit déj, que chacun depuis son lit raconte
ses rêves (et dans la version longue... passionnant...), bouquine, que
certains ont même droit au biberon au lit, qu'on sait que rien ne
presse, quel bonheur ! Bien sûr parfois on crise, parfois on aimerait
que celui qui est aux toilettes ne participe pas à la conversation, on
aimerait aussi qu'il libère plus vite la place, parfois on aimerait pouvoir
parler sans espions, parfois on aimerait s'habiller sans
commentateurs, se déshabiller sans spectateurs, mais on apprend à s'isoler au milieu des autres, on s'offre de petits moments de solitude et on se rappelle surtout qu'une année ça passe très vite.

Vie d'overlanders : Quelle maîtrise de l'exercice !
Nous sommes les rois des bivouacs, les pros des ambassades, les chefs
des frontières. Xtophe vous trouve n'importe quelle pièce mécanique
n'importe où, il continue à déverser nos excréments sur le monde, nous
sommes encore plus économiques en matière d'eau (surtout avec une
douche cassée...), notre bilan carbone devrait sauver le monde, je
peux vous cuisiner un dîner de roi où que nous soyons, nous sommes
toujours bien entourés et les enfants trouvent toujours le moyen de se
construire une cabane. Il faut dire aussi qu'en 4 ans les choses ont
bien changé et nos Iphones + les nombreux wifis (ça se met au pluriel
çà ?) qu'on trouve partout dans le monde rendent la recherche
d'information et la communication beaucoup plus aisées.

Moral des troupes : Félicitations du conseil de camping-car.
Le premier voyage nous a ôté toute crainte. Nous savons tous que nos
amis ne nous oublient pas. Nous savons aussi que les enfants
grandissent très vite et que bientôt chacun vivra sa vie. Ce sera très
bien, mais autant profiter de cette période bénie où nous sommes tous
ensemble et heureux de l'être. Alors oui parfois j'ai envie de planter
tout le monde et de débarquer chez mon amie M avec une bouteille sous
le bras. Parfois j'ai envie de piquer un fou-rire avec N, de passer
des heures au téléphone avec J ou autres parisiennes. Parfois j'ai
envie de convoquer un dîner Picard, de sortir toute la nuit, de surfer
sur le net pendant des heures, de manger des coeurs de canard avec C
ou même d'aller courir une heure avec S (dans mes rêves je suis de
nouveau sportive). Parfois même j'aimerais déjeuner à la cantine avec
le club des brunes ou batailler dans une réunion de crise scoute. Parfois on aimerait un bon interminable repas de famille. Et puis il y a tous ces bébés qui naissent et vont oser naître en notre absence, surtout nos neveux tout neufs, nous n'aurons pas vu le ventre rond de nos jolies soeurs, nous n'embrasserons leurs oeuvres qu'au bout de quelques mois. Et surtout on aimerait tellement pouvoir tout vous raconter, tout partager avec vous. Mais on ne peut tout
avoir. Et on sera tellement heureux aussi de vous retrouver... Mais
aucun d'entre nous n'a encore eu de vrai coup de cafard, et les
enfants semblent encore plus heureux que nous, alors, que demande le
peuple sinon deux trimestres de plus ?

Blog : posts beaucoup trop longs, travaillez votre concision ou utilisez la banque d'appréciations pré-rédigées.

jeudi 13 octobre 2011

Les Toqués au pays du yéti

Nous avons pu quitter Krasnoiarsk comme nous l'avions prévu, avec des plaquettes de frein toutes neuves, installées en un temps record, grâce à l'aide des employés de Fiat qui nous ont mâché le travail et nous accompagnés dans toutes les étapes, grâce au commerçant de notre parking qui passait les coups de fil pour nous, bref, une fois de plus, il est bon de constater que nous ne sommes jamais seuls à l'autre bout du monde.
Nous avons passé une nuit à Kemerovo, au coeur d'un quartier ultra-chic, lieu assez étonnant où les voitures laissent passer les piétons sur les passages cloutés, où Lénine trône devant une aire de jeux incroyable, surveillée par la police, un quartier aux allures d'arrondissement de la rive gauche parisienne, tout propre et brillant... Heureusement que nous avons vite retrouvé nos routes russes, les maisons en bois souvent aussi jolies que délabrées, les énormes canalisations de gaz ou d'eau chaude qui parcourent la campagne, les camionneurs fous, les vieilles Ladas et les restaus routiers glauques aux serveuses acariâtres.
Arrivés à Novosibirsk, nous nous sommes précipités au consulat du Kirghiztan. Nous l'avons assez vite trouvé (si vous avez suivi nos histoires de visas, vous savez que localiser une ambassade ou un consulat peut être assez compliqué), même s'il n'est pas exactement à l'adresse indiquée sur le net. Les formalités sont simples et rapides, et nous aurons nos visas kirghizes dans un peu moins d'une semaine. Nous sommes ravis car cela nous évite des tracasseries à Almaty (Kazakstan) où certains voyageurs ont eu des difficultés avec le consulat. Ces histoires doivent vous dépasser un peu, mais pour nous chaque nouveau visa obtenu est une joie, comme un examen réussi, une étape importante franchie. Nous voici donc de nouveau posés pour une semaine, dans un quartier plutôt agréable à deux pas de l'opéra le plus grand de Russie, dont Rachel et moi comptons faire bon usage.
Nous espérons seulement être à l'abri parce que les scientifiques russes viennent de faire une incroyable découverte dans les environs : le Yéti aurait lui aussi élu domicile ici :
http://www.sudouest.fr/2011/10/10/le-yeti-existe-les-russes-auraient-des-preuves-irrefutables-522652-706.php

samedi 8 octobre 2011

Pause technique et technologique


Petit changement de programme (comme si c'était inhabituel dans le voyage). Finalement notre pause-déjeuner à Krasnoiarsk s'est transformée en un séjour prolongé. D'abord nous avons retrouvé notre place de parking en plein centre et avec un meilleur réseau wifi que la première fois. Ensuite nous avons trouvé des employés adorables chez Fiat pièces détachées, et à force de bonne-volonté de leur part, de mimes, de russo-anglais et de google-translate (Notre mime de : "le voyant des plaquettes de frein s'est allumé donc nous souhaitons les changer" valait presque celui d'Elodie à un berger mongol pour lui demander si on pouvait venir assister à la traite le lendemain matin) et nous attendons donc de nouvelles plaquettes de frein (j espère qu'elles seront jolies) et des pneus-neige cloutés tant qu'à faire.
Nous avons fêté les anniversaires d'Ulysse et de Gaspard en grande pompe, avons pu skyper longuement avec les grand-parents, surfer et papoter avec les copines, profiter de nos vacvances (remember : l'école Toquée a fermé pour ses congés d'octobre) et prendre une bonne dose d'ondes... jusqu'au vendredi soir 17h55. Malheureusement le capitalisme n'a pas totalement triomphé en Russie et le bureau qui nous fournissait le réseau sans le savoir, a fermé pour le week-end (pour internet je suis prête à retourner mon paletot idéologique).
Nous sommes ici au moins jusqu'à lundi, espérant quand même qu'il n'y aura pas de gag avec notre commande. En voyage à l'autre bout du monde, toute opération banale porte en elle un suspense terrible...

mardi 4 octobre 2011

Des chiffres et des lettres

Après avoir affronté la neige, nous avons pu profiter encore quelques
jours de la Mongolie, le temps de vérifier les dates de nos visas, de
compter su nos doigts et de réaliser qu'il était vraiment temps de
partir. Le 1er octobre nous avons passé la frontière en un temps
record. Il faut dire qu'imprégné de la culture locale Kristof Le
Terrible a magistralement et naturellement doublé toutes les voitures
et tous les camions qui faisaient la queue devant les grilles. Nous
avons ensuite affiché nos sourires les plus mongols face à la
douanière qui nous demandait d'attendre et qui nous a donc fait passer
immédiatement. Côté russe nous nous sommes retrouvés seuls avec 3
douanières qui nous ont reconnus et nous ont mâché la tâche, que
voulez-vous, elles sont folles du sourire russe de Leon Kristofovitch.
Si nous étions un peu tristes de quitter la Mongolie, nous étions
très heureux de retrouver la Russie (et le bortsch, et le goulasch et
les chaschliks, merci mon Dieu, merci Lénine pour le bortsch !) qui
nous est déjà un peu familière. Il en va ainsi du voyage.
La transition s'est faite en douceur puisque nous sommes rapidement
tombés sur la famille Boulot avec qui nous avons pu assister à la fin
d'un Naadam au temple à côté d'Oulan Oude. Nous sommes arrivés trop
tard pour les courses de chevaux et le tir à l'arc mais les lutteurs
dans leur slip en dentelle étaient impressionnants. Nous avons ensuite
bivouaqué un peu à l'écart des festivités, les enfants jouant
dehors jusqu'à la nuit noire. Il faut dire qu'à 8 les jeux
s'organisent vite. Et il faut dire qu'après la Mongolie nous trouvons
qu'il fait bien doux en Siberie.
Nous avons repris la route des le lendemain matin, décidant d'offrir
aux enfants (et aux professeurs) une semaine de vacances afin de
pouvoir avaler les kilomètres jusqu'à Novosibirsk. Le panneau
"Novosibirsk 1600 km" est un peu affolant pour les petits Européens
que nous sommes et nous serons rassurés lorsque cette route sera
derrière nous. Je peux déjà vous dire que nous avons eu l'heureuse
surprise de voir que quelques tronçons de la nouvelle route ont été
terminés en notre absence, spassiba Vladimir !
Notre Visa russe expire le 23, notre Visa kazak débute le 20,
nous aurons ainsi largement de profiter de Novosibirsk pour effectuer
quelques bricolages, réparations, et tâches administratives. Nous en
profiterons aussi pour lancer les réjouissances toquées du mois
d'octobre parce que dans quelques jours mon premier aura le double de
l'âge de mon second qui est en vérité mon troisième avant que mon
second qui est aussi ma première et unique ne double le nombre de
chiffres de son âge. (et mon tout sans vodka ! Les vacances y'a pas à
dire, ça me réussit.)